Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/482

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qu’il occupe, par le tact, & même par la vue, au moyen du speculum, ou miroir de matrice.

Cette maladie vient toujours à la suite d’une inflammation superficielle de la matrice, terminée en suppuration, qui a dégénéré à son tour en ulcère. Elle peut être excitée par une métastase d’humeurs âcres, qui peuvent se fixer sur ce viscère par un vice vénérien, scorbutique ; par une errosion faite peu-à-peu dans la face intérieure de la matrice, sans qu’aucun abcès ait précédé ; par une plaie faite dans la cavité de la matrice, laquelle a suppuré, & est devenue un véritable ulcère.

Les femmes malades rapportent à différens endroits la douleur qu’elles ressentent, suivant le siège de l’ulcère qui l’a produit : souvent la vessie & le rectum participent de l’ulcère. Les femmes cohabitent avec beaucoup de peine avec leurs maris. Dans le principe du mal, il n’y a point de fièvre, ou il y en a bien peu ; mais peu-à-peu la fièvre lente s’y joint par le mélange des parties du pus, à quoi la douleur que la malade ressent, ne contribue pas peu. Cette fièvre, qui est lente de sa nature, redouble tous les soirs ; enfin, les malades, consumés par cette fièvre, tombent dans le marasme, & finissent par la bouffissure des extrémités inférieures, qui augmente de plus en plus, ou par la diarrhée colliquative.

Le traitement de cette maladie est relatif aux causes qui la produisent : mais en général, on ordonne aux malades les décoctions vulnéraires balsamiques, les eaux minérales sulphureuses de Barèges, prises intérieurement & injectées avec une seringue en arrosoir dans la matrice. Personne n’ignore les heureux effets qu’elles ont produit. Il vaudroit bien mieux commencer le traitement par ces eaux, que de suivre le préjugé, malheureusement adopté, de donner aux malades le lait, qui ne réussit presque jamais, & qui, comme l’observe fort bien Hoffman, dispose plutôt à l’ulcère, qu’il ne le guérit. Il y a d’autres adoucissans, pris dans la classe des végétaux, qui sont préférables au lait. Ce sont les crèmes de riz, de sagou, la décoction aqueuse de racine de salep, le petit lait, coupé avec la fumeterre, les bouillons, où l’on fait entrer la racine de bardane, les tiges de fumeterre & autres plantes dépuratives. On emploiera le mercure sous la forme la plus usitée, si l’ulcère tient à une cause vérolique ; mais en général il faut s’abstenir des injections astringentes, qui feroient dégénérer l’ulcère en cancer. M. Ami.


MATURATIF. Médecine rurale. C’est ainsi qu’on appelle les remèdes propres à aider la formation du pus dans les plaies & les abcès. Ces topiques favorisent & opèrent la suppuration, en entretenant dans une douce chaleur, les parties disposées à suppurer, en relâchant les vaisseaux, & en calmant les douleurs.

Les maturatifs sont de deux espèces. Les uns sont stimulans, & les autres adoucissans. L’application de ces derniers convient principalement sur les parties douloureuses, trop tendues, rénitentes & enflammées. Les premiers, au contraire, agissent plus efficacement sur les tumeurs froides qui suppurent difficilement, ou dont sa suppuration est trop lente.