« La champlure, maladie particulière à la vigne, désarticule un cep en autant de pièces qu’il y a de nœuds dans la nouvelle pousse. La vigne vierge ou de Canada, & mille autres plantes qu’il est inutile de nommer ici, offrent le même phénomène ».
« En général, les jointures végétales servent à donner les différens degrés d’inclinaison, à opérer les inflexions, les changemens de direction nécessaires aux feuilles pour présenter alternativement l’une ou l’autre de leur face à l’humidité ou à la chaleur, selon qu’elles ont besoin de transpirer ou de pomper la nourriture dans l’air. Il n’est pas moins évident que les feuilles devenant un poids inutile, incommode aux plantes vivaces que l’hiver engourdit, la nature les en décharge au moyen des ruptures naturelles qu’occasionne le dessèchement des jointures. Les plantes herbacées & les annuelles périssent en entier après leur fructification ; aussi leurs feuilles ne sont pas articulées ».
« J’observerai, en dernier lieu, que les arbres déracinés dans le temps de la sève, ou ceux qu’un coup de soleil dessèche promptement sur pied, gardent plus long-temps leurs feuilles sur les branches mortes, parce que les liens qui les uniroient, étoient encore en vigueur lors de la destruction de l’arbre. La mort les a surprises avant le temps ».
Il est donc démontré, par les observations de M. Amoreux, que les feuilles & les fruits tombent lors de leur maturité, lorsque leurs articulations ne sont plus lubrifiées par la sève. Si on considère un fruit, la cerise, par exemple, on distinguera aisément l’articulation, au moyen de laquelle son pédicule tient à la branche ; mais il en existe une autre dans la partie qui tient au fruit : celle-ci a lieu avec l’écorce du fruit, beaucoup plus épaisse dans cet endroit que dans le reste, & qui y forme bourrelet. Tant que le fruit n’est simplement que mûr, on le détache avec une espèce de peine de son pédicule ; & dans sa parfaite maturité, un coup de vent & le plus léger effort l’en sépare. Je sçais que souvent la cerise reste sur l’arbre malgré sa parfaite maturité, & y sèche. Il n’en est pas ainsi de la guigne ; aussi l’articulation de celle-ci est-elle un peu différente de celle-là. Presque tous les fruits présentent, du plus au moins, le même phénomène. C’est par ces parties mamelonées des articulations, que la sève nourrit les feuilles, que les feuilles épurent la sève du bouton, & une double articulation raffine celle qui doit former le fruit.
Cette loi est générale pour les fruits à noyaux, pour les pommes ; quelques espèces de poires sur-tout font exception. La partie du pédicule qui tient au fruit, par exemple, dans le bon chrétien d’hiver, est un épanouissement de fibres, dont les unes s’implantent avec la peau, les autres s’insinuent dans l’intérieur, & s’unissent avec celles qui logent les graines ; de manière que l’on ne peut séparer ce pédicule dans la maturité du fruit, sans briser une partie de l’écorce, & une partie de cette espèce de colonne dans laquelle sont nichées les semences. La nature a pourvu au raffinement de la sève par le grand nombre de mamelons qui se trouvent à l’articulation qui réunit le fruit à la branche ; enfin, le fruit, le légume le plus parfait, le plus exquis, celui dont le suc est le plus délicat, est celui dont la