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feuilles au nombre de six ou de sept.

Lieu. Les haies, les champs, les bords des chemins. La plante est vivace, & fleurit pendant tout l’été.

Propriétés. Cette plante a une saveur fade, mucilagineuse, aqueuse, un peu gluante. Elle est émolliente, adoucissante, laxative : c’est une des quatre premières herbes émollientes. Les fleurs calment la soif, favorisent l’expectoration, nourrissent très légèrement, rendent le cours des urines plus facile, diminuent leur âcreté, & maintiennent le ventre libre. En lavement, elles sont indiquées dans la rétention des matières fécales, dans les coliques par des matières âcres, dans le tenesme & la dyssenterie. Les feuilles de mauve, sous forme de cataplasme, relâchent la portion des tégumens sur lesquels on les applique, & calment la douleur, la chaleur & la dureté des tumeurs phlegmoneuses. La racine est recommandée dans les espèces de maladies où les fleurs sont indiquées.

Usages. Fleurs récentes, depuis demi-drachme jusqu’à demi-once en infusion dans six onces d’eau ; fleurs sèches, depuis huit grains jusqu’à deux drachmes dans cinq onces d’eau ; feuilles récentes, broyées dans suffisante quantité d’eau, jusqu’à consistance pulpeuse pour cataplasme ; racine sèche, depuis deux drachmes jusqu’à demi once, en décoction dans huit onces d’eau.

En général, toutes les mauves, les althæa & les lavatètes ont les mêmes propriétés ; elles ne diffèrent qu’en raison d’un peu plus, ou d’un peu moins de mucilage.


Mauve-rose ou D’outremer ou Détremier ou Passe-rose. Malva rosea, folio subrotundo, flore varia C. BP. Alcea rosea. Lin. Elle est de la même classe que la précédente. La corolle est beaucoup plus grande, ainsi que le fruit qui est plus applati. Les feuilles sont sinueuses, en forme de cœur, anguleuses, très-larges, couvertes, d’un duvet fin… Les tiges s’élèvent depuis quatre jusqu’à six pieds, & même plus ; elles sont épaisses, solides, velues. Les feuilles du bas sont arrondies, & les autres anguleuses, à cinq ou six découpures, crénelées dans leurs bords.

Aucune fleur ne masse plus agréablement dans un grand parterre, dans de larges plattes-bandes, à l’entrée des bosquets, dans les clairières des bois, où l’on est agréablement surpris d’en trouver. Les fleurs varient dans toutes les couleurs possibles : on fait peu de cas des pieds à fleurs simples.

Cette plante n’exige aucun soin particulier : on la sème au premier printemps dans de bon terreau, & dès qu’elle est assez forte, on la transplante à demeure. Elle ne fleurit pas la première année, mais à la seconde & à la troisième. Plusieurs auteurs l’ont regardée comme une plante bienne. Toutes celles que j’ai sous les yeux dans ce moment, sont plantées depuis quatre ans. Si on veut la conserver, on ne doit pas attendre pour couper les tiges, que les graines soient mûres ; il faut abattre les tiges & les couper près de terre, dès que les fleurs sont passées. À l’entrée de l’hiver, il convient d’enfouir au pied une certaine quantité de fumier, non pour la garantir du froid qu’elle ne craint pas, mais afin de renouveller près d’elle la terre végétale, fortement absorbée par la