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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/517

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mieux fouiller la terre, & manger celle que l’on a semée. Le tartre-émétique, employé de la même manière, réussit mieux. L’arsenic, également incorporé dans la graine de courge, dont les rats, les souris & les mulots sont très-friands, les détruit sûrement & promptement ; mais il est dangereux de mettre un poison aussi actif entre les mains d’un jardinier, ou de tel autre homme de cette classe. Le propriétaire devroit lui-même, se charger de ce soin, compter le nombre de graines préparées, & deux ou trois jours après, enlever & brûler celles qui n’auront pas été mangées par ces animaux. On aura alors la preuve qu’ils ont tous été crever dans leurs coins. Voilà pour les couches.

Les pieds transplantés, ou venus de graine sur le lieu, craignent également les taupes-grillons, les limaçons & limaces. La cendre, souvent renouvelée, interdit l’approche à ces derniers ; mais les taupes-grillons, les vers blancs, ou turcs, ou larves du hanneton, (Voyez ce mot,) comment s’en défendre ? Je n’ai trouvé qu’un seul expédient. Il consiste à avoir, en quantité suffisante, des morceaux ou broches de bois quelconque, de six à huit pouces de longueur de les enfoncer en terre, les uns après les autres, & si près que ces insectes ne puissent passer entre deux ; de manière que tous ensemble, plantés circulairement autour de la plante, formeront une espèce de tour intérieure de huit à dix pouces de largeur, qui défendra l’approche de la plante. Cette opération est l’ouvrage des enfans ou des femmes ; & lorsque la plante est forte, on peut enlever ces morceaux de bois.

Je crois même avoir observé, que s’ils s’élèvent de quelques pouces au-dessus de la superficie du sol, les limaces & limaçons ne les franchissent pas, lorsque leur sommet est taillé en pointe fine, parce qu’alors ces animaux ne peuvent se tenir dessus. Ces détails paroîtront minutieux à beaucoup de jardiniers. Quant à moi, qui ai été forcé de les mettre en pratique, je m’en trouve bien, & ceux qui sont dans le même cas que moi, ne seront pas fâches de les connoître & de les employer.


Section III.

De la culture artificielle.


Elle est en général très-compliquée ; mais elle est indispensable lorsque le peu de chaleur du climat exige que l’art vienne au secours de la nature, & on diroit que l’on met une espèce de gloire & d’amour propre à surmonter les difficultés, & même à avoir des melons dans une saison tout-à fait opposée. L’art fait donc beaucoup, il donne la forme au fruit ; mais lui donne-t-il son eau sucrée, sa saveur vineuse, son parfum ? Non sans doute. La perfection tient à la nature, elle seule colore les fruits, leur donne l’odeur & la saveur qui leur conviennent ; mais l’art se traînant sur ses pas, n’offre que le simulacre de cette perfection. Cependant, dans les provinces du nord on s’extasie devant ces fruits, ils sont réputés délicieux ; mais la véritable raison de cet enthousiasme, est qu’on n’en connoît pas de meilleurs, & qu’on n’est pas à même de faire la comparaison.

J’appelle culture artificielle celle qui nécessite à employer les couches