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On cueille les poires de messire-Jean, de marquise, de crésane, de bergamote d’automne, & de S. Germain, vers la S. Denis, les pommes de calville rouge & de calville blanc.

Dans les années peu hâtives, on achève la récolte des châtaignes & des amandes, & on met dans la cave celles qu’on destine aux pépinières.

Si on a empaillé des roseliers en juillet, on a encore des groseilles jusqu’aux gelées.

Si votre terrein n’est pas trop froid, ou l’année tardive, vous cueillerez tous les fruits d’hiver vers la S. Denis, vers le 15, mais dans les deux cas ci-dessus, vous attendrez jusqu’à la fin du mois.

Il ne faut donc pas se presser trop de cueillir ces fruits, quoiqu’il en tombe même quelques-uns ; ils ne seront pas perdus en les serrant sèchement, s’ils ne sont pas meurtris, ou en les faisant cuire au chaudron dans l’eau réduite en sirop. Les fruits cueillis trop tôt se rident, se farinent & se dessèchent, il n’y reste que la peau & le cœur pierreux sans jamais mûrir.

On fera bien de laisser le bon chrétien d’hiver huit jours plus tard que les autres sur l’arbre, pour le perfectionner, & la pomme d’api le plus long-temps que l’on pourra, afin qu’elle prenne plus de couleur.

On continue de faire des trous pour planter les arbres.

On peut encore, dans cette saison, changer de terre les orangers qui en ont besoin ; on réchauffe avec du petit fumier de mouton ceux qui sont languissans ; on les serfouit & on les mouille tous pour la dernière fois, huit jours avant de les renfermer. On emporte ceux qu’on a élevés sur couche, & on finit par les entrer tous dans la serre vers le 15 du mois.

On porte les nèfles au grenier sur de la paille pour les faire mûrir.

À l’égard des coins, il n’y a pas de risques d’attendre, pour les cueillir, jusqu’aux gelées, qu’ils ne craignent pas, & jusqu’à ce qu’ils aient acquis une belle couleur d’or ; on les essuie pour en ôter le duvet, &, après les avoir mis un peu au soleil, on les serre dans un lieu sec, & séparément, à cause de leur odeur forte, qui feroit gâter les autres fruits. Malgré toutes les précautions, ils pourrissent bientôt, si l’on n’a pas soin de bonne heure d’en faire des compottes, de la marmelade ou du rarafiat.

On finit le travail de ce mois par porter des terres neuves, des gazons, des gravois ou démolitions de murs faits en terre, des boues de rues long-temps reposées à l’air, & autres engrais qu’on répand au pied de ses arbres, ainsi que les fumiers qu’on ne fait non plus que répandre sur les terres froides avant l’hiver.

Novembre.

On lève dans les pépinières, aussitôt que la feuille est tombée, les arbres qu’on a marqués en septembre. C’est la saison de les planter particulièrement dans les terres légères, (sur-tout dans les Provinces du midi) Nos cultivateurs de Montreuil préfèrent en général la plantation du printemps ; elle peut être plus favorable dans leur terrein ; mais on conviendra que d’attendre à planter au printemps dans les terres légères, si la saison est sèche, la plantation manque en plus grande partie, au