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lieu qu’étant faite avant l’hiver, les arbres ont déjà poussé quelques racines, qui ont pris corps, & se sont alliées avec la terre, de façon qu’ils craignent moins la sécheresse. Le pommier & le prunier sur-tout exigent, encore plus que d’autres, d’être plantés avant l’hiver.

On répand du fumier au pied des arbres, dans les terres froides qu’on ne laboure qu’au printemps ; mais pour toutes les terres usées, trop sèches, les sables, les terres légères en général, on les laboure profondément avec la fourche, aux environs de la Toussaint ; nous disons avec la fourche, car la bêche, qui tranche la racine des arbres, doit être proscrite & bannie pour toujours du jardin fruitier.

Vous n’oublierez pas de planter en pépinière, dans cette saison comme au printemps, toutes les boutures & rejettons enracinés de pruniers, merisiers, poiriers, pommiers, &c. en un mot, tous les plans, les châtaignes, les amandes, les noyaux, &c. On a vu en février la raison de former les pépinières de ces noyaux au printemps, en les conservant pendant l’hiver dans du sable à la cave, pour les faire germer. On peut toujours, sauf à recommencer, semer quelques pepins, qui avanceront plus que ceux qu’on sème en février & mars, s’ils échappent aux rigueurs de l’hiver.

Quand on veut avoir du plant de mûriers, on a soin de marcotter des branches, quand la feuille est tombée.

L’olivier se plante en novembre dans les pays chauds, (Voyez le mot Olivier.) & en février & mars dans les pays tempérés.

On coupe les osiers vers la Toussaint, quand la feuille est tombée après les premières gelées. On ne coupera qu’en mars ceux qu’on destine à faire du plant.

On tire les échalas de la vigne, pour les mettre par chevalet dans le jardin, pour passer l’hiver ou les serrer à l’abri, s’il y en a peu, & l’on cure les raies dans les vignes, c’est-à-dire qu’on en relève la terre qu’on jette à droite & à gauche sur les planches avec la houe, ce qui fait des sentiers propres, & donne de l’écoulement aux eaux.

On retire le petit fumier de mouton qu’on avoit mis en octobre au pied des orangers languissans, parce que ce fumier, s’il y restoit plus de six semaines, au lieu de les raviver, les brûleroit.

Quand les gelées deviennent trop fortes, ou les pluies trop fréquentes, & qu’on ne peut ni labourer ni planter, on s’occupe à couper des perches, pour raccomoder des treillages & faire des paillassons ; on coupe & on aiguise les échalas, on élite les osiers ; on fait des caisses, &c.

On taille le câprier.

On peut enfin, quand les feuilles sont tombées, éplucher & préparer la vigne pour la taille, ainsi que les pêchers & abricotiers, ôtant les chicots, les bois morts, quelques bourgeons & branches inutiles ; c’est autant d’ouvrage fait avant la taille, qui n’aura lieu entièrement qu’en février pour la vigne, (voyez note première, page 19.) pour les pêchers & les abricotiers ; mais pour les autres, aussi-tôt que la feuille est tombée.

On peut commencer à enlever la mousse des arbres après quelques pluies, & continuer de même pen-