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campagne, au placement des greniers, des fourrages, des écuries, &c. D’après ce plan, je définis une métairie, un assemblage de logemens destinés à mettre à couvert les hommes, les animaux, tous ses objets de leur nourriture, de leur boisson, & les instrumens nécessaires à l’exploitation des terres, à laquelle est réunie une quantité de terres propres à la culture, & proportionnée à la masse des bâtimens : tous ces objets réunis constituent une métairie.

Elle est ou simple, ou ornée. La métairie simple est celle qui sert d’habitation ou au fermier, ou à un homme d’affaire, ou à un maître valet, chargé de veiller aux travaux champêtres & sur les valets. La métairie ornée suppose, outre les bâtimens nécessaires à l’exploitation, l’habitation du propriétaire, plus ou moins vaste, commode, plus ou moins décorée suivant ses facultés, & embellie par des jardins potagers, des parterres, des allées, des promenades, &c. ; c’est ce qu’on appelle mal-à-propos maison de campagne, qui, dans le sens strict, n’est qu’une habitation ordinairement renfermée dans un clos, sacrifiée à l’agréable, & en partie au potager & au fruitier, au lieu que la métairie doit être, au moins, plus utile qu’agréable. Si le propriétaire n’habite pas sur ses possessions, s’il n’y passe pas une partie de l’année, il ne doit avoir en vue que le produit, la facilité dans le service pour l’intérieur, la solidité & l’entretien des bâtimens, la prospérité des animaux, enfin la santé & le bien-être de ses valets. Voyez (le mot Abondance)

Quelle doit être la situation & disposition d’une métairie ? Est-il avantageux aux propriétaires d’avoir de grandes métairies ? Chacune de ces questions mérite un examen particulier.


CHAPITRE PREMIER.

De l’établissement d’une métairie, ou de son achat.


Section Première.

De l’achat d’une métairie.


Quand vous penserez, dit Porcius-Caron, à faire l’acquisition d’un fonds de terre, mettez-vous bien dans la tête, que c’est une opération qu’il ne faut pas faire à la hâte, & que vous ne devez pas épargner vos peines à le bien visiter auparavant, ni vous en tenir à une simple inspection. Plus vous visiterez souvent un fonds de terre, plus il vous plaira, s’il est bon. Faites attention à l’extérieur des voisins ; si le pays est bon & sain, ils auront infailliblement le teint brillant & fleuri. Réfléchissez aussi, avant de faire cette emplète, si vous ne vous embarquez pas dans une mauvaise affaire ; examinez si le climat est bon, s’il est sujet aux orages ; si le sol, par lui même, est de bonne qualité si la sortie & le débouché des denrées sont faciles. Ne négligez pas sans raison particulière, de faire attention au goût du propriétaire. En effet, si c’est un bon cultivateur, & qui se plaise aux bâtimens, votre acquisition n’en sera que meilleure. Quand vous irez voir la métairie, examinez s’il y a beaucoup d’ustensiles ; leur petit nombre est une