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force contractile de la panse, pour surmonter la résistance qu’oppose le feuillet & la caillette (Voyez Estomac) à l’expulsion de l’air raréfié, lorsqu’on est persuadé sur-tout que les orifices du feuillet ne sont point enflammés.

Pour cet effet, prenez de bon vin blanc environ une chopine ; délayez-y de l’extrait de genièvre, deux onces, pour un breuvage que vous donnerez au bœuf. Ce remède administré, donnez-lui un lavement composé d’une forte infusion de fleurs de camomille romaine & de feuilles de séné, & réitérez-le toutes les heures ; appliquez sur le ventre & les flancs des linges trempés dans de l’eau à la glace, si vous êtes à portée de vous en procurer, dont vous renouvellerez l’application tous les quarts d’heure. Si l’animal n’éprouve aucun soulagement de ces remèdes, faites lui boire de l’eau à la glace, mais en petite quantité, de crainte d’occasionner des tranchées violentes & une inflammation considérable dans les estomacs. Faites promener & courir l’animal malade ; le mouvement de tout le corps, l’agitation des estomacs & des matières contenues, déterminent ordinairement le passage de l’air dans les intestins. Un breuvage composé d’un bon verre-d’eau-de-vie & de deux onces de sel de nitre, n’est pas à mépriser. Nous sommes parvenus, au moyen de ce remède, accompagné de quelques lavemens émolliens, à sauver à la campagne quelques bœufs expirans, que les bouviers, suivant la pratique ordinaire, tentoient vainement de soulager par maintes incisions faites à la peau, dans l’intention sans doute, de dégager le tissu cellulaire de l’air qui le rempliroit.

Si malgré tous ces moyens, le météorisme augmente, avec le battement des flancs, plongez le troicart dans le bas-ventre, & laissez-y la canulle jusqu’à ce que l’air contenu dans la panse se soit dissipé. Il vaut mieux, dans un cas désespéré, tenter un remède incertain, que de laisser périr évidemment l’animal. D’ailleurs, la blessure de la panse avec le troicart, n’est pas aussi dangereuse qu’on le prétend ; l’expérience prouve que la canulle étant retirée, les bords de la plaie se rapprochent, & les matières contenues dans la panse ne peuvent plus y passer.

Le météorisme dépend quelquefois d’une forte inflammation des orifices du feuillet : dans ce cas, ayez recours à la saignée, aux boissons adoucissantes, aux lavemens émolliens & mucilagineux, & à tous les médicamens capables de diminuer l’inflammation.

Deuxième espèce. Tuméfaction des intestins, par la raréfaction de l’air.

Cette espèce de météorisme attaque rarement le bœuf, la chèvre & la brebis, parce que les gros intestins de ces animaux sont musculeux, étroits, & chassent avec facilité l’air contenu ; mais le cheval, dont les gros intestins occupent la plus grande partie du ventre, & qui ne sont pas assez épais pour s’opposer aux efforts de l’air raréfié, est beaucoup plus exposé à cette maladie, qui le réduit, en très-peu de temps, à la dernière extrémité. Le ventre présente un gonflement considérable ; les matières fécales sont retenues, la respiration est difficile, les fonctions de l’estomac troublées, l’animal s’agite avec violence ; le ventre est dur, élastique, & sonore lors-