Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/606

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rondie, étoit absolument plate & fort large.

Les feuilles du jasmin offrent encore un plus grand nombre de variétés, & elles sont si communes sur cette plante, qu’il est facile de les appercevoir au premier coup d’œil, pour peu que l’on connoisse parfaitement la forme de la feuille du jasmin.

La feuille du lilas, qui est toujours simple & sans découpure, quelquefois est double & comme divisée en deux feuilles différentes, qui se réunissent près du pétiole, divergent & s’écartent ensuite l’une de l’autre.

Le violier rouge a encore offert un phénomène de feuilles composées ; sa feuille est simple, un peu allongée & un peu roulée, sur-tout aux approches de l’automne ; on en a vu une triple, ou au moins remarquable par trois divisions ; la feuille du milieu étoit plus grande que les deux autres latérales ; de plus, cette feuille étoit beaucoup plus courte que les autres, & la silique qui succéda à la fleur, resta grêle, courte & menue.

M. Bonnet cite une monstruosité des feuilles du chou-fleur, beaucoup plus singulière que toutes celles que je viens du rapporter. De dessus & de la principale nervure d’une feuille, s’élevoit une tige cylindrique, qui portoit à son sommet un bouquet d’autres feuilles, dont la forme imitoit celle d’un cornet ; la surface inférieure, aisée à reconnoître à sa couleur & au relief de ses nervures, formoit l’extérieur du cornet, dont les bords sont dentelés : quelques uns de ces cornets avoient une espèce de bec, leur ouverture étoit glyptique, c’est-à-dire, qu’au lieu d’être dans un plan parallèle à l’horizon, elle étoit dans un plan incliné ; d’autres cornets avoient leur ouverture à peu près circulaire : leurs grandeurs varioient beaucoup, depuis un pouce d’ouverture sur un pouce & demi de hauteur jusqu’à la petitesse de têtes d’épingles ; ces petits cornets étoient portés sur une tige assez courte & cylindrique ; examinés de fort près, on appercevoit au centre un enfoncement indiquant essentiellement en petit la même forme que les grands ; ils partoient de la principale nervure d’un autre cornet ; on découvroit ça & là des appendices de forme irrégulière, quelquefois approchants de celle d’un cornet, qui adhéroient à la principale tige ou à quelques-uns des plus grands corners. Les monstres des feuilles de choux-fleur ne sont pas rares, car M. Bonnet en a trouvé plusieurs dans une seule planche de choux-fleurs.

3°. Monstruosités des fleurs. Si on étudioit bien attentivement les fleurs, on trouveroit beaucoup plus de monstruosités dans leurs parties que l’on ne pense ; on peut même, en général, regarder comme une monstruosité permanente, la multiplicité des pétales dans certaines espèces de fleurs, ce qui les a fait nommer fleurs doubles. On pense communément que c’est la culture qui amène les fleurs à cet état par une surabondance de sève ; mais nous croyons que cela dépend encore plus de la nature du fœtus ; car sur une planche de semis de renoncule, par exemple, dont toutes les graines viennent de la même plante simple, il s’en trouvera quelques-unes de doubles, & le reste sera simple. Or dans cet exemple si frappant, & qui se renouvelle tous les jours, l’uniformité des circonstances accom-