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écrêmé, & on en fait boire au malade un verre de quatre en quatre heures. On augmente peu à peu la dose de la plante jusqu’à deux gros. C’est à la prudence des médecins à en régler la quantité.

M. Razoux & un très-grand nombre de médecins en ont obtenu les succès les plus marqués dans les maladies dont il est fait mention ci-dessus.

Morelle à fruit noir. (Voyez planche XV, page 559) Tournefort & Von Linné la placent dans la même classe que la précédente ; le premier l’appelle solanum officinarum acinis nigricantibus, & le second, solanum nigrum.

Fleur. D’une seule pièce, divisée en cinq segmens pointus & disposés en rosette, au centre desquels on remarque le pistil B, & cinq étamines. Ce pistil sort du fond du calice C.

Fruit. Baie ronde, noire, lisse, marquée d’un point au sommet, à deux loges. D la représente coupée transversalement, remplie de plusieurs semences E, presque rondes, brillantes & jaunâtres.

Feuilles. Ovales, molles, pointues, dentées, anguleuses.

Racine A. Longue, déliée, fibreuse, chevelue.

Port. La tige s’élève à la hauteur d’un pied & plus, sans supports, herbacée, anguleuse, branchue ; les feuilles deux à deux, l’une à côté de l’autre ; quelquefois solitaires, ainsi que les pédoncules l’ombelle des fleurs se meut au moindre vent.

Lieu. Les endroits incultes, les vignes, les bords des chemins la plante est annuelle & fleurit en juin, juillet & août, temps de la cueillir.

Propriétés. Les feuilles ont une odeur narcotique, virulente, & une saveur nauséabonde & âcre. Les baies sont inodores & d’une saveur légèrement acidule ; toute la plante est, dit-on, extérieurement anodine, rafraîchissante, c’est un doux répercussif… Intérieurement, c’est un poison assoupissant ; les acides lui servent de contre-poison.

Usages. Plusieurs auteurs ont vanté à l’excès l’efficacité de la morelle l’expérience a démontré que l’application des feuilles récentes, quelque réitérée qu’elle soit, calme rarement les douleurs causées par les hémorroïdes externes, la douleur du panaris, du cancer occulte & du cancer ulcéré ; elles ne détergent point les ulcères scrophuleux ; elles ne favorise pas l’éruption des érysipèles ; elles sont nuisibles dans toutes espèces d’inflammations cutanées, & dans les violents maux de tête par la fièvre… L’eau distillée, proposée pour résoudre les inflammations internes, & pour dissiper l’ardeur d’urine, doit être rejetée. Plusieurs observations constatent qu’elle est vénéneuse & par conséquent dangereuse. Telle est la manière dont s’explique M. Vitet, dans sa pharmacopée de Lyon.


MORFONDU. Terme consacré par M. Roger de Schabol, à l’occasion de la sève du printemps & des greffes enterrées. « Quand, au printemps, il survient certains coups de soleil vifs qui, d’abord, mettent tout en mouvement & font monter précipitamment la sève, & ensuite à ces coups de soleil si pénétrans succèdent tout-à-coup des vents de galerne, dont le froid saisit & refroidit ces arbres où couloit rapidement la sève,