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à fleur double est rejetée par les amateurs, mais elle figure bien dans les bordures d’un grand jardin.

Si on a des serres chaudes, des chassis, des couches, des cloches, des paillassons, &c., rien de plus aisé alors que d’accélérer l’époque des semis des fleurs ordinaires, autrement il faut se résoudre à attendre la fin de l’hiver, le mois d’avril pour les provinces du nord, de février pour celles du midi, & de mars pour celles du centre du royaume. Cette loi générale souffre peu d’exceptions ; il vaut beaucoup mieux préparer des couches & semer par-dessus quand elles auront jeté leur premier feu, que de semer en pleine terre ; mais on doit appréhender que la chaleur n’attire les courtilières ou taupes-grillons, (Voyez ce mot) & ces insectes malfaisans détruiront toutes les plantes, si on ne se hâte de les suffoquer avec l’huile, ainsi qu’il sera dit dans cet article. Pour prévenir cet inconvénient, on garnira le fond de la couche avec des planches bien jointes & à languettes, ainsi que le tour, jusqu’à la hauteur de cinq à six pouces ; si on n’a pas les bois nécessaires, on peut employer de larges quarreaux.

Si on est privé de ces secours, on sera réduit à semer en pleine terre, au pied de quelque bon abri, & on attendra que la chaleur soit bien établie dans l’atmosphère. Les gelées tardives sont la ruine totale des semis précipités ; les pavots, les coquelicots, les pieds d’alouette demandent à être semés en octobre, ils ne sont pas si beaux étant semés en mars ou en avril. Si on veut encore une règle bien sûre qui fixe l’époque à laquelle chaque graine doit être semée, que l’on considère celle à laquelle chaque graine tombée dans le jardin germe & lève ; imitons la nature, elle ne nous trompe jamais.

Section IV.

Du temps de planter les oignons, les renoncules, les anémones.

I. Des oignons. On a, dans chaque pays, une régle sûre qui fixe l’époque à laquelle ils doivent être plantés, de quelque espèce qu’ils soient, c’est lorsque, au centre de l’oignon, on commence à voir paroîrre son dard ou pousse ; si on retarde plus long-temps, l’oignon souffre : il vaut mieux dévancer l’époque que de la retarder ; quelques exceptions ne détruisent pas cette loi générale. L’époque de cette germination n’est pas la même partout ; elle varie suivant la chaleur des climats. Pour les provinces du nord, le mois d’octobre est le temps où l’on plante les oignons de jacinthe, de tulipes, & en général de toutes les espèces d’oignons qu’on lève de terre en été après que les feuilles sont sèches ; quant à ceux qu’on laisse en terre pendant plusieurs années de suite, ils demandent d’être replantés à la même époque ; cependant, dans le nord du royaume on peut, à la rigueur, planter les oignons jusqu’en février. Il n’en est pas ainsi dans les provinces du midi ; l’oignon s’épuise à pousser ses feuilles si on ne le plante à la fin de septembre ou au commencement d’octobre ; cette époque passée, la fleur qu’il donne est chétive, parce que sa végétation, lors du développement de la tige, est trop précipitée par les chaleurs.