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employées à ces opérations, aient déjà servi, parce qu’elles ne sont point si dures, & qu’elles font tourner plus rondement quand elles ont fait leur effet.

On sait que les cordes se raccourcissent dans les temps humides, & s’allongent dans les temps secs. On remédie aisément à cet inconvénient, en mettant au bout des cordes une patte de cuir de Hongrie d’un bout, & de l’autre une longe. Par ce moyen si simple, on peut allonger ou raccourcir les cables suivant le temps. On peut encore faire de petites bascules qui servent à élever ou à baisser les arbres tournants ; ce qui fera allonger ou raccourcir les cordes suivant le besoin.

Si le tarare ne tourne point assez rapidement, le secret est de raccourcir les cordes ; s’il tourne au contraire avec trop de rapidité, il faut les rallonger.

Cet arrangement est, sans nulle comparaison, de beaucoup préférable aux rouages & aux petits hérissons qu’on pourroit employer en pareilles occasions ; parce que les poulies durent bien plus & coûtent bien moins. D’ailleurs, ces hérissons demandent, pour leur exécution, un charpentier habile & versé dans la méchanique, ce qui n’est pas facile à trouver ; au lieu que l’invention des poulies est d’une simplicité qui est à portée de toutes sortes d’ouvriers, & qui ne demande que peu d’attention & d’adresse pour être conduite.

Telle est, en général, la manière d’opérer la première chose qu’exige la bonne mouture par économie, savoir, le parfait nettoiement des grains.

§ III. Des pièces qui donnent le mouvement au blutage, &c.

Le blutage de la méthode économique contribue en quelque sorte encore plus que les meules, à la perfection des farines. C’est par cette raison que la mouture en grosse & la mouture méridionale, dans lesquelles on blute hors le moulin, apportent tant de soins, tant de précautions & de patience, & emploient un si grand nombre de bluteaux différents pour distinguer les farines, les gruaux & les sons.

La mouture rustique avoit un avantage sur les deux autres, en ce qu’en faisant bluter en même temps qu’elle broie les grains, elle épargne du temps & de la main d’œuvre. Mais la bluterie est si imparfaite, & la perte qu’on essuie, faute de savoir employer les sons gras, est si considérable, que la mouture en grosse & la mouture méridionale, malgré leurs imperfections, sont de beaucoup préférables à la mouture rustique.

Les meûniers économes ont adopté ce que toutes les autres méthodes avoient de meilleur : ils ont procuré aux moutures en grosse l’épargne du temps & de main d’œuvre employés aux bluteries hors le moulin, & ils ont substitué à la mouture rustique toute la perfection des bluteries de la mouture en grosse & de la méridionale. Outre ces avantages, considérables par eux-mêmes, ces meuniers ont encore su faire bénéficier leur méthode de tout l’excédent de belles farines de gruaux, c’est-à-dire, des meilleures parties du grain, que les autres meuniers laissent consommer en pure perte.