Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/680

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On voit par-là, de quelle importance est la bluterie dans la mouture par économie, dont elle est une dépendance & comme l’accessoire principal. Il y a un grand nombre de moulins économiques qui pèchent par cet article : la perfection & la conduite du blutage méritent la plus sérieuse attention des meuniers pour qui cette science est toute nouvelle.

Il ne faut pas que le blutage commande le moulin ; en effet, s’il ne répondoit pas suffisamment au mouvement des meules, cela occasionneroit un retard, parce qu’il faudroit souvent retirer du bled. Le bluteau supérieur, placé dans la huche sous les meules, est un sac d’étamine de sept à huit pieds de longueur, dont l’ouverture est cousue par un bout, sut le cerceau qui joint au trou de la huche par où sort le son gras : ce dernier tombe dans l’anche, qui conduit dans le dodinage ou la bluterie cylindrique, posée dans la partie inférieure de la même huche. Il faut donc que ce bluteau supérieur tamise également la même quantité que les meules font de farine ; autrement si le bluteau ne tamise pas aussi vite que le moulin moud, il faut relever l’auget de la trémie, pour empêcher qu’il ne tombe tant de bled dans les meules. Mais alors les meules n’ayant pas une nourriture suffisante, ou manquant de bled, font la farine rouge, parce que le son se broie en très-petites parties & se mêle à la farine. Il est donc bien essentiel que le blutage marche en même temps que le moulin, puisque s’il fait un retard, & que les meules n’aient pas autant de bled qu’elles en doivent porter, les farines seront bises & mauvaises. Si au contraire le bluteau tamise plus vite que le moulin ne fournit, il tamise mal & il laisse passer du son avec la fleur.

Tout dépend donc de l’accord de ces pièces, qui doivent être proportionnées entr’elles, afin qu’elles puissent produire leur effet à leur aise.

Pour parvenir à faire bien bluter un moulin, il faut que le pivot du babillard, & Planche XVIII, soit placé sur le chevressier, du dedans Z, ou à côté & le plus près possible, à six ou huit pouces des tourillons de l’arbre tournant T, Planche XVIII. Il faut lui donner une croisée Q, de trente à trente-six pouces, à quatre bras, quand le lieu le permet. Si l’on est borné par la place, il suffit de monter une croisée faite d’une tourte de bois d’orme, d’environ vingt deux pouces de diamètre, avec trois bras égaux de huit à dix pouces de longueur, en observant de percer bien dans le milieu, la lumière ou le trou par où doit passer le fer du moulin. À l’aide de cet arrangement, le blutage sera excellent & très-doux ; car il est souvent préférable de ne laisser que trois bras à la croisée, parce que lorsqu’il y en a quatre, & que le moulin va fort, les coups sont trop fréquents, & le bluteau n’a pas le temps de bien tamiser.

On se rappelle sans doute que le babillard est une pièce de bois posée perpendiculairement, de manière qu’elle peut se mouvoir en bas sur un pivot, & en haut dans un collet de fer ou de bois bien dur, attaché au beffroy. Il est percé en haut d’une lumière ou trou quarré, par où passe la batte, qui va joindre la croisée, & d’une seconde lumière où passe la baguette, ou clogne attachée au bluteau.

Pour monter la batte 1 & la ba-