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vent il ne commence à bluter qu’aux attaches : il y en a qui préfèrent les bluteaux à quatre petits lés & deux palonniers à chassis, parce qu’étant bien ouverts ils doivent mieux bluter : mais ces bluteaux sont trop lourds & trop matériels pour des moulins inférieurs de force ; le poids des deux palonniers à chassis surcharge trop, & un blutage ne sauroit être trop leste pour bluter avec plus de facilité : quoiqu’il n’y ait qu’un passement, on ne doit pas craindre que le bluteau se déchire s’il est bien monté.

La pente qu’on donne au bluteau, doit être d’environ un pouce par chaque pied, suivant la longueur de la huche ; c’est-à-dire, une huche de huit pieds à huit pouces de pente, & sept pouces de pente si elle n’a que sept pieds, à moins que ce ne soit un moulin qui aille fort : auquel cas on peut donner encore quelques pouces de pente au bluteau, afin qu’il ne se charge pas tant.

On ne peut avoir de belle farine que par l’accord du blutage avec le moulage, parce que le bluteau doit débiter à proportion que les meules travaillent : ainsi la grosseur du bluteau doit être proportionnée à la force des moulins : car plus un moulin moud fort & vite, plus il faut que le bluteau débite à proportion ; il doit par conséquent être un peu plus gros, afin qu’il laisse passer vite la farine, puisqu’il s’en présente plus, si les meules vont vîte & si elles moulent promptement. Un moulin qui affleure bien, souffre un bluteau plus gros sans que la farine en soit pour cela plus bise.

La qualité & la finesse des bluteaux doit aussi varier suivant la sécheresse des bleds, suivant la piquure des meules, & suivant qu’un bluteau est bien ou mal monté. Tout le monde sait que quand les bleds sont secs, il faut des bluteaux plus fins, & que quand ils sont tendus, il en faut de plus ronds : des meules piquées convenablement, & montées pour faire un bon travail, peuvent souffrir un bluteau plus rond, sans pour cela rougir la farine. Souvent on peut faire bluter également un bluteau de deux échantillons plus fins l’un que l’autre avec les mêmes bleds & mêmes moulins d’égale force ; tout cela dépend de la manière de bien monter le blutage.

L’étamine ou étoffe à deux étaims, est une étoffe de laine, qu’on fabrique à Rheims & en Auvergne, pour les bluteaux, & qui porte un tiers ou un quart de largeur : il y a douze échantillons d’étamines pour les bluteaux, qui vont en augmentant de finesse depuis le numéro 11, jusqu’aux numéros 40 à 42, c’est-à-dire qu’elles ont depuis onze jusqu’à quarante deux fils dans chaque portée : les derniers numéros sont les plus fins, parce que plus il y a de fils dans une même portée, & plus les intervalles qu’ils laissent entre eux sont étroits ; ainsi on prend ces derniers numéros pour les bluteaux supérieurs qui tamisent la fleur-farine de bled, & on emploie depuis le numéro 11 jusqu’au numéro 18, pour le dodinage ou bluteau inférieur qui doit tamiser les gruaux & recoupes, &c.

Tous les détails qu’on vient d’exposer montrent suffisamment de quelle importance il est de bien savoir monter les bluteaux supérieurs, propres à tamiser la farine de bled & celle de gruau : c’est apparemment cette difficulté qui avoit engagé le sieur Malisset à substituer dans ses mou-