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lins de Corbeil, des blutoires cylindriques de soie aux bluteaux lâches ordinaires ; mais il s’en faut bien que le produit en farine blanche en soit aussi avantageux, tant pour la qualité que pour la quantité, & ils ne peuvent d’ailleurs servir à faire moudre les gruaux.

En effet, ces blutoires de soie donnent assez leur premier produit pour les farines de bled, parce qu’il s’y trouve des sons alongés, des gruaux en nature, & des recoupes en noyaux durs, qui, par leur tassement, frottent continuellement la soie, & facilitent le passage de la fleur : mais lorsque les gruaux sont remoulus, il ne s’y trouve presque plus aucuns noyaux, aucune dureté, & les blutoires de soie s’engraissent & ne tamisent plus, ou du moins pas si bien, à beaucoup près, qu’une étoffe de laine fortement secouée, & sans cesse agitée par le mouvement de la baguette.

On a fait à Lizy, près de Meaux en Brie, une nouvelle épreuve, qui consiste à mettre deux bluteaux dans le premier étage d’une huche de bout, de six pieds de large sur sept à huit de long, un babillard à mont l’eau, & l’autre avallant, à côté de l’arbre tournant. Il y a aussi deux anches qui, à l’aide d’une coulisse adaptée à la pièce d’enchevêtrure dirigent la farine pour la faire tomber également dans les deux bluteaux : il faut que le second bluteau soit plus fin que le premier, attendu que la première anche, du côté de la poussée de la meule, est celle où est la coulisse, & par où la fleur tombe toujours la première : au moyen de cette coulisse, on charge le second bluteau tant & si peu que l’on veut. Il faut tenir ces deux bluteaux à trois petits lés, & bien ouverts, avec des palonniers larges, comme on l’a expliqué ci-devant.

Il faut observer qu’avant cet arrangement, la huche du moulin de Lizi étoit de travers au lieu d’être en long, de sorte que n’étant pas possible d’approcher le babillard près le tourillon, à cause d’un mur, il falloit retirer beaucoup de bled au moulin pour faire bluter le bluteau, ce qui rougiroit la farine. Ce moulin ne pouvoit moudre alors qu’environ trente setiers en vingt quatre heures ; mais depuis qu’il est monté de cette nouvelle façon, il peut moudre, dans la bonne eau, jusqu’à cinquante-cinq & même soixante setiers dans le même espace de temps, & faire la farine de bien meilleure qualité. Une suite de cette observation est que, pour opérer un pareil changement dans un moulin, il faut qu’il aille fort, & que les meules soient bien ardentes à proportion, pour bien affleurer & écurer les sons, & cela parce qu’il a fallu augmenter le débit du bluteau à proportion de la force du moulin : il faut cependant avouer que la farine d’un moulin économique, qui va de vingt cinq à quarante setiers, est préférable à celle d’un moulin qui débite jusqu’à soixante setiers.

Pour terminer cet article du blutage par quelques principes généraux, il faut examiner, 1°. si le babillard du bluteau supérieur n’est éloigné du tourillon de l’arbre roumain que de six à huit pouces, ou de dix au plus ; 2°. si la bluterie déchire les bluteaux, ou s’ils bluttent trop fort ; car alors il faudroit débrayer la batte ou la baguette pour rallentir & diminuer leurs coups ; 3°. ou bien s’il arrivoit