tourne au moyen d’un pignon prenant dans le rouet. On peut aussi remplacer la bluterie cylindrique par un dodinage ou bluteau lâche, formé d’étamines de trois grosseurs, & agité par un second babillard posé en sens contraire du premier, &c.
Tel est le simple mécanisme à ajouter aux moulins ordinaires, pour y pratiquer la mouture par économie. Tous ces changemens sont peu coûteux, quand d’ailleurs le moulin est bien monté de ses pièces, telles qu’elles ont été décrites. Une huche avec une petite bluterie, ou dodinage, peut coûter à-peu-près cent livres. Chaque babillard peut être un objet de douze à quinze livres. Il est à propos d’avoir cinq à six bluteaux d’étamines de différentes grosseurs, qui reviennent depuis quinze à vingt quatre livres. On peut juger par-là qu’un moulin bien conditionné pour moudre à l’ordinaire, ne peut guères exiger au-delà de quatre à cinq cent liv. Au surplus, l’estimation de cette dépense concerne principalement les moulins des environs de Paris, qui sont déjà en bon état, quoique moulant brut. Mais lorsqu’il s’agit de faire ce changement en province, & d’y envoyer des ouvriers, cela coûte beaucoup plus, tant pour la main d’œuvre que pour le voyage & retour des ouvriers. D’ailleurs, les autres pièces de ces moulins sont souvent en très-mauvais état.
§. VII. Description d’un moulin économique, & détail de ses opérations.
Avant de faire l’explication de tous les procédés de la mouture économique, il faut donner une idée légère de l’ensemble d’un moulin disposé pour opérer suivant cette nouvelle méthode. Cet ensemble servira de récapitulation à tout ce qui a précédé sur le mécanisme de chaque partie en détail. On pourra recourir au grand Ouvrage de M. Beguillet pour avoir de plus grands éclaircissemens sur les moulins économiques, & en particulier sur celui de Senlis, dont je me contente de tracer l’élévation & la coupe sur la longueur & la largeur.
La planche XVI exprime la coupe du moulin sur la largeur. On y voit sa liaison de routes les diverses parties : on doit principalement observer comment, à l’aide des poulies S adaptées à un arbre de couche, ayant à son extrémité une lanterne qui n’engrène dans les dents du rouet, on fait mouvoir naturellement la bluterie à son gras 5 au premier étage ; & dans le second, le tarare 8, 9, au moyen de la poulie de renvoi 10, ainsi que le crible de fer-blanc 14, à l’aide de la poulie de renvoi 11.
L’ouvrier 22, en tirant une corde, fait engrener dans le rouet la lanterne Q, qui a pour axe le treuil R : aussitôt le câble 19, au crochet duquel est attaché un sac, file sur ce treuil, l’enlève au troisième étage du moulin, où l’ouvrier le reçoit & le verse dans le grenier à l’endroit 23, d’où il découle dans la trémie 12, de-là dans le tarare 8, 9, dans l’anche 13, dans le crible de fer-blanc 14, dans le crible de fil-de-fer d’Allemagne 3, dans la trémie 2, de-là entre les meules pour être moulu.
Si l’on veut suivre le chemin que fait le produit du blé moulu, il faut avoir recours à la planche XVII qui représente la coupe du moulin