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gue ; celle des agneaux qu’ils produiront deviendra plus longue que la laine des mères, & quelquefois plus longue que celle des pères. On a eu des preuves de cet accroissement de la laine en longueur, en donnant des béliers dont la laine avoir six pouces de longueur, à des brebis dont la laine n’étoit longue que de trois pouces. Celle des bêtes qui sont venues de ces alliances, avoit jusqu’à cinq pouces & demi de longueur. En donnant aux brebis, à toutes les générations, des béliers dont la laine étoit plus longue que la leur, on est parvenu en Angleterre à avoir des laines longues de vingt-deux pouces. On auroit peine à croire cette grande amélioration, si l’on n’avoit vu cette laine, & mesuré la longueur de ses filamens.

Pour rendre la laine plus fine, on choisit dans le troupeau que l’on veut améliorer, les brebis qui ont la laine la moins grosse, & on leur donne des béliers qui aient une laine plus fine. Les bêtes qu’ils produisent ont la laine moins grosse que celle des mères, & quelquefois aussi fine & même plus fine que la laine des pères.

On a eu également des preuves de cette amélioration de la laine en finesse, en donnant des béliers qui avoient une laine fine, à des brebis à laine grosse. Celle des agneaux qu’ils ont produits est devenue de qualité moyenne, entre le fin & le gros. Des brebis à laine moyenne, ayant été alliées avec des béliers à laine superfine, leurs agneaux ont eu une laine fine : quelquefois la laine des agneaux a surpassé en finesse celle des béliers qui les avoient produits. Par ces alliances on est parvenu à améliorer au degré de superfin des races d’Angleterre, de Flandres, d’Auxois, de Roussillon & de Maroc, par des béliers de Roussillon, sans avoir des béliers d’Espagne. On en a eu des preuves convaincantes dans un troupeau de trois cents bêtes de différentes races qui ont des laines superfines, quoiqu’elles viennent de brebis à grosses laines, la plupart jarreuses : ces brebis ont été accouplées avec des béliers de Roussillon. Le troupeau, ainsi amélioré est en Bourgogne, près de la ville de Montbard, sans que les agneaux aient été mieux nourris & mieux soignés que leur père. On les avoit laissés à l’air nuit & jour pendant toute l’année, au lieu de les renfermer dans des étables.

§. VI. Comment peut-on rendre la production de la laine plus abondante ? Peut-on faire produire par des brebis jarreuses des agneaux qui n’ont point de jarre ?

Pour augmenter le poids des toisons, il faut avoir des béliers qui portent plus de laine que ceux du troupeau que l’on veut améliorer. La toison des agneaux qui en viendront, sera proportionnée à celle de leurs pères. On a des preuves de cette amélioration par les expériences suivantes faites dans un canton où les pâturages sont maigres, & où les moutons & les béliers ne portent communément qu’une livre ou cinq quarterons de laine, & les brebis trois quarterons ; en donnant à ces brebis des béliers qui avoient environ trois livres de laine, leurs agneaux en ont eu à la seconde an-