Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/742

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née deux livres, & jusqu’à deux livres & demie. Un bélier de Flandres dont la toison pesoit cinq livres dix onces, ayant été allié à une brebis de Roussillon, qui n’avoit que deux livres deux onces de laine, a produit un agneau mâle, qui dans sa troisième année, en portoit cinq livres quatre onces six gros. Ce bélier avoit été bien nourri ; car il ne faut pas espérer qu’avec des pâturages & des fourrages peu abondans, les moutons puissent avoir des toisons d’un grand poids.

Si l’on fait accoupler une brebis médiocrement jarreuse, avec un bélier qui n’ait point de jarre, l’agneau qu’ils produiront ne sera pas jarreux. Si la brebis a beaucoup de jarre, son agneau en aura aussi, mais en moindre quantité. Si cet agneau est une femelle, qui soit accouplée dans la suite avec un bélier sans jarre, leur agneau n’en aura point. On a eu plusieurs preuves de cette amélioration après avoir fait accoupler exprès des brebis jarreuses avec des béliers sans jarre.

§. VII. Si l’on peut rendre l’amélioration des bêtes à laine plus prompte & plus profitable, en achetant des béliers de haut prix.

Pour toutes les améliorations des bêtes à laine, les béliers les plus parfaits améliorent le plus promptement, & donnent le plus de profit, il ne faut donc pas épargner l’argent pour faire venir des béliers de loin, lorsque les bonnes races se trouvent dans des pays éloignés. On peut compter d’avance ce que l’on pourra gagner sur les agneaux qu’ils produiront, par l’amélioration de leur taille & de leur laine en quantité & en qualité. On ne sera pas surpris qu’un bélier, dont la laine avoit jusqu’à vingt-trois pouces de longueur, ait été vendu 1100 francs en Angleterre. Jamais l’amélioration des troupeaux ne se soutiendra dans un pays où les béliers ne seront pas de très-grand prix. Il faudroit au moins qu’ils se vendissent plus chers que les beaux moutons, afin d’engager les propriétaires des troupeaux à garder les meilleurs agneaux pour en faire des béliers. On seroit plus sûr d’avoir ces béliers, si l’on donnoit des arrhes au propriétaire, pour l’empêcher de faire couper ou de vendre les agneaux que l’on avoit choisis. Il vaudroit encore mieux les acheter, afin de les bien nourrir jusqu’au temps où ils seroient en état de service. Il faudroit aussi que les communautés missent de bons béliers dans leurs troupeaux ; un bélier produit chaque année au moins quinze ou vingt agneaux, tandis qu’une brebis n’en a ordinairement qu’un seul. Il faudroit donc quinze ou vingt fois plus de brebis qu’il ne faut de béliers pour avoir la même amélioration ; d’où l’on doit conclure que les bons béliers sont plus nécessaires que les bonnes brebis pour l’amélioration des troupeaux.

§. VIII. Moyens pour améliorer une race de bêtes à laine, sans faire de dépense, ou avec peu de dépense.

Il est possible d’améliorer une race de bêtes à laine sans faire de dépense, mais il faut beaucoup de temps. L’amélioration se fait peu à peu ; si l’on choisit tous les ans les