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des autres que dans un parc moins grand ; les moutons y salissent moins leur laine ; ils peuvent s’y mouvoir plus librement ; ils y endommagent moins leur laine en se frottant les uns contre les autres ; les brebis pleines & les agneaux nouveaux nés y sont moins exposés à être blessés.

Les meilleures expositions pour un parc domestique, sont celles du midi, du sud-ouest & du sud-est, parce que les murs du parc mettent le troupeau à l’abri des vents de bise & de galerne ; les moutons y résistent comme aux autres expositions, mais ils y sont plus fatigués. Des bêtes à laine qui seroient répandues dans la campagne, comme les animaux sauvages, y trouveroient des abris : il faut donc placer leur parc dans le lieu le plus abrité de la basse cour ; il faut aussi que le terrein du parc soit en pente, afin que les eaux des pluies aient de l’écoulement.

Des murs de sept pieds de hauteur, dit M. d’Aubenton, ont empêché les loups d’entrer dans un parc domestique près de Montbard, où il y a beaucoup de moutons & de chiens depuis quatorze ans. Ces murs sont bâtis de pierres sèches ; il y a nécessairement entre ces pierres des joints ouverts qui donneroient aux loups la facilité de grimper au-dessus des murs ; mais ils sont terminés par de petites pierres amoncelées en dos-d’âne, de la hauteur de huit pouces ; quelques-unes de ces pierres tomberoient si le loup mettoit le pied dessus pour arriver sur le mur. On ne s’est apperçu d’aucun dérangement qui ait fait soupçonner des tentatives de la part des loups pour entrer dans le parc, quoique l’on ait reconnu les traces de ces animaux qui avoient rodé tout autour.

Les râteliers d’un parc domestique doivent avoir deux pieds de longueur aux barreaux, & on les place à deux pouces & demi de distance, les uns des autres, si c’est pour une petite race de moutons ; on éloigne davantage les barreaux, si la race est plus grande, parce que leur museau est plus gros ; mais plus les barreaux sont éloignés les uns des autres, plus les moutons perdent de fourrage, car ils ne ramassent pas celui qu’ils font tomber sur le fumier en le tirant du râtelier. On fait des râteliers simples pour les attacher contre les murs ou contre les claies, & des râteliers doubles en forme de berceau, pour les placer au milieu du parc.

Si l’enclos dont on veut faire un parc domestique est petit, & si le troupeau est nombreux, on met des râteliers contre tous les murs & un râtelier double au milieu du parc ; mais ordinairement on fait le parc dans une basse-cour, comme nous l’avons déjà dit, dont il n’occupe qu’une partie, & pour le former, on place un rang de claies vis-à-vis les murs à une distance convenable, & on attache les râteliers au mur ; on peut aussi en attacher aux claies : dans ce cas, il faut laisser entre les claies & le mur une plus grande distance que s’il n’y avoit qu’un rang de râteliers, afin que les moutons aient chacun dans le parc le nombre de pieds quarrés qui leur est nécessaire. Il faut toujours mettre par préférence les râteliers contre les murs, parce que les moutons se réfugient au pied de ces murs pour avoir un abri.

Quant aux auges, on les met sous les râteliers, pour recevoir les graines & les brins de fourrage qui tombent du râtelier, & que, les moutons ne