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Alors si les moutons passent contre des buissons ou des haies, les branches accrochent quelques flocons de laine qui y restent suspendus, après s’être détachés de la peau.

Le retard que l’on met encore à tondre les moutons, a d’autres mauvais effets, en causant une autre perte ; lorsque la nouvelle laine a déjà quelques lignes de longueur au temps de la tonte, on la coupe avec l’ancienne. Quoique cette nouvelle laine augmente le poids de la toison, le propriétaire y perd au lieu d’y gagner, parce que l’acheteur intelligent & le manufacturier savent que cette nouvelle laine étant très courte, se sépare de l’autre, lorsqu’on l’emploie ; ainsi ils diminuent d’autant le prix de la toison. La nouvelle laine ayant été coupée à son extrémité est moins longue qu’elle ne devroit l’être l’année suivante.


§. II. Ce qu’il faut faire avant de tondre les moutons.

Il n’y a rien à faire si l’on veut enlever la toison sans l’avoir lavée ; mais c’est un mauvais usage, il vaut mieux laver la laine sur le corps du mouton avant de le tondre ; c’est ce que l’on appelle laver à dos ou sur pied. Ce lavage sépare de la laine les ordures qui la salissent & qui pourroient gâter la toison, si elle restoit long-temps avec l’urine, la fiente & la boue dont elle s’est chargée ; d’ailleurs, le propriétaire connoît mieux la valeur des toisons lorsqu’il les vend au poids après qu’elles eut été lavées à dos, qu’en les vendant au suint. L’acheteur sait toujours mieux acheter que le propriétaire ne fait vendre-, parce que celui-ci ne vend qu’une fois l’an, & que l’autre achette tous les jours.


§ III. Du lavage à dos ; comment se fait-il ?

Pour faire le lavage à dos, on fait entrer chaque mouton dans une eau courante jusqu’à ce qu’il en ait au moins à mi-corps ; le berger est aussi dans l’eau au moins jusqu’au genou il passe la main sur la laine & la presse à différentes fois pour la bien nettoyer. On peut faire aussi ce lavage dans une eau dormante, si elle est propre. Mais dans les cantons où l’on n’a que de l’eau de fontaine, de puits ou de citerne, il suffit d’en remplir des baquets. On verse cette eau avec un pot sur la laine du mouton, en la pressant avec la main. Mais si l’on pouvoit avoir une chute d’eau de trois ou quatre pieds de hauteur, on la recevroit dans un cuvier où l’on plongeroit le mouton ; (voyez la planche X de l’ouvrage de M. Daubenton plusieurs fois cité) deux hommes, dont les manches seroient retroussées & recouvertes par de fausses manches de toile cirée, laveroient mieux le mouton que de toute autre manière ; on a suivi cette méthode pendant plusieurs années avec l’eau d’une fontaine, sans que les moutons aient été incommodés par la fraîcheur de cette eau : ceux que l’on tient en plein air pendant toute l’année, sont, sans aucun inconvénient, souvent exposés à des pluies aussi froides qu’un bain d’eau de source.

Mais avant de tondre les moutons, il est nécessaire de les laver plusieurs fois pour que la laine soit bien nette & de bon débit ; après le dernier lavage, il faut tenir les moutons dans des lieux propres jusqu’au moment