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quelques exceptions. Il est donc indispensable de choisir les noix de l’espèce la plus grosse, & dont l’amande remplira le mieux la coquille : il faut encore être assuré par l’expérience, qu’elle fournit beaucoup d’huile. D’après cette observation, on doit sentir combien peu il est prudent de prendre chez les pépiniéristes, des noyers tout formés : je conviens qu’ils ont l’attention de choisir les plus belles noix ; mais il leur importe fort peu qu’elles donnent beaucoup d’huile ; c’étoit cependant le point essentiel pour le cultivateur. Certes, la noix dans laquelle on plie des gants, est magnifique par son volume extérieur, mais son amande d’un tissu lâche, remplit à peine la moitié de la coquille, & fournit peu d’huile. Le bon cultivateur établira lui même, sa pépinière, & ne sèmera que les noix de l’arbre qu’il connoît, & que l’expérience lui a prouvé être le plus productif en fruit & en huile.

IV. Du sol de la pépinière. Le noyer ne cherche qu’à pivoter, il aime donc un sol léger, profondément défoncé, afin de faciliter le prompt développement de sa radicule & celui de sa tige, qui est toujours en raison de la première : il est inutile de chercher une terre trop bien préparée ; la surabondance de nourriture n’est pas nécessaire à cet arbre ; il craint même les engrais animaux ; la cendre est ce qui lui convient le mieux, & même celle qui a déjà servi pour les lessives, si on a eu la précaution de la laisser quelque temps exposée à l’air, dans un lieu à l’abri de la pluie ; elle se charge de l’acide aérien, (voyez le mot Amandement) & ses principes combinés différemment que dans les premiers, n’en sont pas moins actifs ; d’ailleurs, comme cendre pure & simple, même abstraction faite de ses sels, comme poussière très-fine, elle sert à diviser le sol, le rend plus meuble, & par conséquent plus perméable aux racines. Il convient de défoncer ce sol deux ou trois mois d’avance, de le travailler de temps à autre, afin de le rendre de plus en plus meuble.

V. Méthodes du semis. Il y en a deux ; & dans chacune on doit avoir grand soin de choisir les noix au moment de leur parfaite maturité : on connoît ce point par les fentes ou crevasses qui s’opèrent d’elles-mêmes sur le brou.

Dans la première méthode, on prépare dans une cave, ou dans un lieu couvert & à l’abri des gelées, une couche de sable dans laquelle on place les noix, à six pouces de distance les unes des autres, & on les recouvre de deux pouces de terre fine : elles germeront pendant l’hiver, si on a eu le soin de les arroser au besoin ; & en mars ou plutard, suivant les climats, c’est-à dire, lorsque l’on ne craindra plus l’effet des gelées, on les tirera de cette couche, pour les transporter dans la pépinière. Si on les a semées dans des caisses, l’opération sera plus facile. M. le Baron de Tschoudi assure, d’après sa propre expérience, qu’en coupant le bout du germe, le noyer ne pivote plus, qu’il se garnit de racines latérales ; enfin, qu’il n’est plus nécessaire de le replanter pour lui en faire pousser.

Dans la seconde méthode, après avoir défoncé le terrain, on enfonce les noix à deux pouces de profondeur, en alignement, enveloppées