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dant un certain nombre d’années.

L’arbre planté demande d’être, pendant plusieurs années, travaillé au pied sur deux toises de diamètre, à moins que le sol du champ ne soit labouré en entier.

J’ai vu des haies de noyers aussi fourrées que celles faites avec l’aubepin. (Voy. ce mot & la manière de les conduire au mot Haie). Je crois même qu’il seroit possible de leur donner la plus grande hauteur de nos charmilles, en couchant presque parallèlement les branches, & en supprimant tout canal direct de la séve. Je propose cette assertion comme purement idéale. Je n’ai fait aucune expérience à ce sujet ; mais il me paroît qu’une telle palissade produiroit beaucoup de fruit, attendu sa grande surface de chaque côté, & sur-tout parce que le noyer ne produit son fruit qu’à l’extérieur.

On dit communément que les noyers craignent les grandes chaleurs de nos provinces méridionales. J’en ai trois qui réussissent à merveille & portent chaque année beaucoup de fruit. Il est plus probable qu’on ne le cultive pas, parce que l’olivier le remplace avantageusement, & que trois oliviers prospéreront dans une étendue à peine suffisante pour un noyer ; enfin, parce que la qualité & le prix de deux huiles qu’ils donnent, ne peuvent pas être comparés. Le noyer n’est regardé dans nos provinces que comme un arbre fruitier, & rien de plus.

CHAPITRE IV.

De la taille & de la conduite du noyer après qu’il est planté.

Tant que l’arbre n’a que quinze à vingt ans, la taille après l’hiver est préférable à la taille faite après la chute des feuilles, sur-tout dans les pays où le froid est ordinairement rigoureux ; la coutume de plusieurs cantons est de tailler aussitôt après la récolte du fruit : cette méthode est vicieuse, en ce qu’il reste encore trop de séve dans l’arbre ; il s’en fait une grande extravasions par la plaie ; elle se trouve baignée quand le froid survient ; l’écorce n’a pas eu le temps de se cicatriser, & le froid a plus de prise. C’est toujours de l’amputation des grosses branches faite à contre temps, ou mal faite, que naissent les chancres & les cavités du tronc. On ne doit jamais couper une grosse branche, sans recouvrir la plaie avec l’onguent de saint Fiacre, ou sans clouer par dessus une planche dont tout le tour est mastiqué avec le même onguent. Les clous qui entrent dans le tissu ligneux, n’y portent aucun préjudice, puisque cette partie du bois ne se régénère pas, & qu’elle n’est dans la suite recouverte que par la seule écorce. À la fin de la première année, ou après la seconde, suivant l’étendue de la plaie, on peut supprimer la planche : cet expédient paroîtroit minutieux, si on ne comptoit pour rien la grande valeur d’un beau tronc de noyer bien sain : c’est le seul moyen de l’empêcher de devenir caverneux, à moins qu’il n’ait été semé en place, & simplement élagué dans les commencemens,