Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/144

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des glaires ; leur respiration devient pénible & laborieuse, Sf ils ne tardent pas à éprouver des palpitations de cœur qui sont toujours l’annonce d’une hydropisie commençante. Les causes qui peuvent occasionner les obstructions, sont ou prochaines ou éloignées.

Dans les premières, on doit admettre cette disproportion qu’il y a entre le volume du liquide & le diamètre du vaisseau. Les obstructions peuvent donc être causées par l’étroite capacité des vaisseaux, ou par la grandeur de la masse qui doit y passer, ou par le concours de ces deux causes.

Un vaisseau se rétrécit quand il est extérieurement comprimé par sa propre contraction, ou par l’épaississement de ses membranes. La masse des molle cules s’augmente par la viscosité du fluide, par le vice du lieu où il coule, & par ces deux causes à la fois, lorsque les causes de l’un & de l’autre mal concourent ensemble. Dans les causes éloignées, on doit comprendre tout ce qui peut épaissir les humeurs & resserrer le diamètre des vaisseaux, de même que les vives passions de l’ame, les chagrins, l’abus des liqueurs échauffantes, un exercice trop pénible & fatigant, l’excès dans les plaisirs de l’amour, la suppression des évacuations périodiques, l’exposition au trop grand froid, l’usage des acides trop forts, celui des alimens grossiers, des tumeurs voisines de la partie obstruée, celles qui se forment dans les membranes des vaisseaux, l’habitude de tenir les enfans dans des corps baleinés, des ligatures trop fortes, des bandages trop serrés & portés trop long-temps.

L’augmentation de la masse des humeurs & leur épaississement excitent aussi des obstructions. D’après cette observation, les personnes qui vivent dans un air épais & lourd, & qui habitent des pays marécageux, qui se nourrissent d’alimens grossiers, qui font peu d’exercice, qui se livrent trop au sommeil, sont très-exposées à cette maladie. Il est encore bon d’observer que la colère & tout ce qui affecte notre ame d’une manière très-vive, dissipe la partie liquide du sang & l’épaissit. Le chagrin & la tristesse, en condensant les liquides, les obstruent, & les liqueurs spiritueuses dessèchent les fibres & coagulent les liquides. Il ne faut pas perdre de vue la nature dans le traitement des obstructions. On doit apporter tous les soins possibles pour faciliter les évacuations salutaires par lesquelles elle guérit quelquefois. Elle excite de temps en temps des fièvres qui résolvent la matière des obstructions. Il seroit facile de conduire & mener à bonne fin cette fièvre, si la marche en étoit régulière & avoit un caractère périodique inflammatoire. Mais il est rare que dans des sujets cacochymes & attaqués d’obstruction, cette fièvre soit bien marquée, & que les mouvemens fébriles en opèrent la solution ; ce qui fait que la conduite de la fièvre irrégulière qui paroît, est très-difficile. Cependant il faut avoir égard à la fièvre quelconque qui peut survenir, dont la terminaison heureuse produit l’évacuation d’une partie des humeurs viciées. Il faut alors tâcher d’obtenir une curation partielle en donnant des alimens propres à corriger ces humeurs.

Il faut de plus, analyser la cause de la maladie & employer des méthodes de traitement relatives, 1°. au traitement extérieur de la partie