Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui s’en accommodent ; cependant, comme dans les pays où ce terrain est commun, l’industrie a cherché à s’en approprier l’usage, on a reconnu à la fin, qu’il convient au châtaignier ; cet arbre réussit très-bien dans les montagnes des Cévènes en Languedoc, & c’est sur les montagnes ochreuses, qu’on est assuré de trouver les plus beaux ; on remarque, en général, que la verdure des arbres est plus foncée sur les montagnes ochreuses, que sur aucun autre sol, on observe aussi que les arbres y végètent un peu plus tard, & y perdent leurs feuilles un peu plutôt ; ne seroit-ce pas là la véritable cause des succès que les châtaigniers y éprouvent ? Les herbes qui y croissent, sont plus sèches & plus basses que par-tout ailleurs ; la truffe, de même que les champignons, s’y plaisent. A. B.


ODEUR DES PLANTES. Quelle est la cause de leurs émanations douces, fortes, puantes, nauséabondes ? Pourquoi la violette, l’œillet, la rose frappent-ils agréablement notre odorat ? Pourquoi l’arum ou serpentaire de virginie exhale-t-elle l’odeur du rat mort, du serpent en putréfaction ? Pourquoi les fleurs de la belle-de-nuit de nos jardins, du geranium-triste, (voyez ces mots) ne répandent-elles leurs parfums délicieux que pendant la nuit ? Ô nature, c’est un secret que tu n’as encore révélé à personne ! me seroit-il permis de hasarder quelques conjectures ?

La séve est une pour toutes les plantes ; la preuve en est donnée au mot culture, chap. VIII, par l’exemple des plantes à odeur & à saveur différentes, dans une même caisse. La séve, comme séve, comme substance savonneuse, ne renferme donc pas le principe de l’odeur.

L’eau & la terre sont dans le même cas, puisque les plantes citées sont supposées dans la même terre, & arrosées par la même eau ; cependant chacune de ces plantes a une odeur qui lui est propre. On dira que la bière faite avec de l’orge qui avoit été semé dans un champ engraissé des excrémens humains, en a retenu l’odeur ; mais la terre n’a pas plus communiqué cette odeur aux racines, que les plantes de souci ou d’aristoloche ne communiquent la leur aux raisins, dont les ceps végètent dans un sol chargé de ces plantes ; l’odeur a été absorbée par les feuilles, &c. Sera-ce l’air atmosphérique, chargé au tiers, ou à moitié, ou au quart d’air fixe ? Mais l’air atmosphérique & fixe n’ont point d’odeur.

Ces trois causes peuvent concourir au développement de son principe, sans en être les auteurs immédiats.

L’air inflammable, qui est le principe huileux, éthéré par excellence, n’en seroit-il pa « l’origine ? L’huile essentielle ou éthérée, (voyez ce mot) existe dans la graine, & surtout dans celle des plantes ombellifères, des plantes crucifères &c., dans quelques bois & sur-tout dans ceux qui sont odorans.

On a vu dans plusieurs articles de cet ouvrage, & au mot noyau, que la semence étoit la partie dont les sucs avoient été les plus élaborés ; qu’avant d’y arriver ils avoient été obligés de passer par une infinité d’articulations, dont la fonction est de rejeter les sucs grossiers ; que les noyaux contenoient beaucoup d’huile, & que dans les huiles grasses, (voyez