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Indes, & le même que celui dont on se sert pour les cannes, pour les badines ; mais on a eu soin d’en enlever l’écorce, de le laisser infuser pendant quelques jours, dans une infusion colorée, afin qu’on ne reconnoisse pas son origine. On sépare par un ou par les deux bouts les filamens qui composent le jonc, & de leur séparation il en survient une brosse toujours trop dure. Les petites brosses de crins un peu flexibles sont préférables à tous égards.

Nous devons à M. de Magellan, le dernier rejeton de la famille de l’illustre navigateur de ce nom, la connoissance de ce qu’on appelle le tartre des dents, qui est dû à de petits vers qui se logent à leur base. Un peu de vinaigre uni à l’eau parvient à les détruire, si on répète le nettoiement chaque jour. Cette méthode bien simple est la meilleure pour tenir la bouche propre & raffermir les gencives.


ŒDÈME. Médecine Rurale. Tumeur diffuse, froide, pâle & sans douleur. L’œdème ne change guere la couleur de la peau, qui bien loin d’être rouge, semble au contraire être plus pâle & plus blafarde, & retient l’impression du doigt qui la comprime. Il s’étend quelquefois sur toute la surface du corps ; on l’appelle alors anazarque ou leucophlegmatie. (Voyez ce mot) Quelquefois aussi il n’affecte qu’une partie, comme les pieds, la main, &c. Il participe souvent du caractère du phlegmon, de l’érésipèle & du squirre ; il reçoit alors le nom d’œdème phlegmoneux, érysipélateux ou squirreux. Cette tumeur a pour l’ordinaire deux degrés : quand, dans son principe, la peau cède à l’impression des doigts, & se relève un instant après, elle prend le nom de bouffissure ; & elle est appelée empâtement, quand la partie œdémateuse est molle & sans ressort. C’est l’engorgement de la lymphe dans les cellules du tissu adipeux, qui produit cette maladie ; & cet engorgement dépend le plus souvent de la trop grande quantité de sérosité qui abonde dans le sang, qui, remplissant ses propres vaisseaux sans les crever, produit une stagnation sans extravasation ; & comme la peau n’est formée que par la réunion de plusieurs membranes folliculeuses qui composent le tissu, la lymphe, dans les progrès de l’œdème, écarte peu à peu ces feuillets membraneux, & se porte enfin jusque sous l’épiderme immédiatement, qu’il suffit d’effleurer pour procurer l’écoulement des sucs stagnans.

L’œdème paroît très-souvent à la suite de quelque longue maladie. Les solides se trouvant alors dans un état de relâchement & d’atonie extrêmes, & étant conséquemment privés de toute force pour réagir sur les fluides, permettent l’épanchement de la lymphe dans le tissu de la peau.

Les dangers de l’œdème sont relatifs aux causes qui les produisent. Quand il dépend de l’endurcissement cancéreux, des glandes des aines, des aisselles & des oreilles ; d’un épanchement d’eau dans la poitrine ou le bas-ventre, d’une fièvre lente, d’un épuisement & de la consomption, il est incurable.

L’œdème est encore mortel, quand il reconnoît pour cause, le squirre au foie, ou dans tout autre viscère essentiel à la vie, & la dissolution du sang & de la lymphe. Mais quand il vient à la suite d’une hémorragie trop abondante, d’une perte inattendue, d’une convalescence longue & difficile, il