Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

calice, sont courtes & presqu’ovales… ; ses feuilles sont très-entières, linéaires, pointues, d’un vert tendre… ; sa racine rameuse, très-fibreuse… ; ses tiges s’élèvent communément à deux pieds de hauteur, droites, lisses, articulées ; les nœuds d’un vert clair, & servent de points d’appui à deux feuilles opposées… Les feuilles qui partent du collet de la racine avant l’ascension de la tige, sont disposées circulairement, & sont en recouvrement les unes sur les autres… ; les fleurs naissent solitaires, & partent des rameaux qui naissent de l’aisselle de la feuille réunie à la tige… ; elles varient pour leur couleur, du blanc jusqu’au pourpre le plus foncé… On croit cette plante originaire d’Italie. Von-Linné nomme cette espèce dianthus caryophyllus ; lorsqu’elle est à fleur simple, dianthus caryophyllus B, coronarius lorsqu’elle est à fleur double. Tournefort l’appelle caryophyllus hortensis simplex, flore majore.

Cet œillet à fleur double, est encore appelé grenadin par les fleuristes, sans doute, parce que la couleur de sa fleur approche souvent de celle de la grenade dont cependant, elle n’a jamais l’éclat. Je lui conserve la dénomination de Grenadin, afin de ne pas multiplier inutilement une nomenclature déjà très-compliquée.

La bonne culture, l’excellence du sol, la différence de climats, & des hasards heureux, en supposant que la nature produise quelque chose au hasard, ce que je ne crois pas, ont fait varier à l’infini cette espèce que je prends pour type.

Le grenadin à fleur simple, a produit celui à fleur double qui, malgré la multiplicité de ses pétales, ne laisse pas de produire des semences. Sa largeur n’excède ordinairement pas celle d’un écu de trois livres. Tous les œillets, quelle que soit la couleur de leurs fleurs, qui n’excèdent pas la grandeur qu’on vient d’indiquer, & qui conservent la même forme, conservent le nom de grenadins.

Les semences du grenadin à fleurs doubles jusqu’à un certain point, ont produit les œillets à houppe, c’est-à-dire, ceux dont tous les pétales sont presque égaux, & dont la forme dans leur arrangement ressemble à celle d’une houppe. Ces nouvelles espèces jardinières ont singulièrement varié pour la grosseur de la fleur & pour les couleurs. Le calice de ces espèces se fend très-rarement par un de ses côtés, & la fleur s’épanouit très-bien sans le secours de l’homme.

Le second genre de variété bien caractérisé, est composé par les œillets dont la fleur est très-ample. Son caractère est d’avoir, à la circonférence de la fleur, des pétales dont le limbe est très-large, & dans le centre de ces pétales déjà renfermés dans le calice commun, un, deux, trois & même quatre petits calices qui renferment autant de petites fleurs à pétales très-courts & très multipliés qui garnissent le centre. Ce genre de variété fournit ordinairement les fleurs les plus amples, & donne au cultivateur beaucoup de soins & de peines, afin de mettre la fleur en état de figurer sur un amphithéâtre. Nous l’appellerons œillet à plusieurs fleurs, ou œillet prolifère, ou encore le grand œillet.

Il me paroît qu’on peut rapporter à ces trois formes, toutes les espèces cultivées dans les jardins.