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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/168

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Quand doit-on semer ? Cela dépend du climat. Dans les provinces méridionales, & dans celles du centre du royaume, à Lyon, par exemple, & dans le midi sur-tout, on peut semer dès que la graine est mûre ; elle aura germé, végété, & sera en état d’être transplantée avant l’hiver. Mais comme les saisons ne sont pas toujours également favorables, il convient de conserver au moins la moitié de la graine, afin de la semer en mars de l’année suivante. Dans les provinces du nord on ne sèmera qu’en avril & même plus tard, suivant la saison.

Les semis de la fin de février, mars ou avril, sont plus profitables que ceux faits aussitôt après la maturité de la graine. On perd, à la vérité, dans le premier cas, une année de jouissance, mais la plante n’étant pas pressée par la chaleur, végète tranquillement & réussit beaucoup mieux. Les blés marsais sont presqu’aussitôt mûrs que les blés hivernaux, mais le grain en est plus petit & moins nourri, parce que la plante n’a pas resté assez long-temps en terre, & que sa végétation a été trop rapide.

Je répète que je prends Lyon pour point de comparaison, cette ville tenant le milieu entre le midi & le nord. Environ quinze jours après la semaille, on commence à voir les semences germer & sortir de terre. Elles demandent des arrosemens suivant leurs besoins, mais ils doivent être donnés avec un arrosoir à grille percée très-fin, afin que la chute de l’eau ne serre pas trop la superficie du sol. S’il est nécessaire d’arroser avant la germination, un peu de paille menue, étendue sur la superficie du pot, modérera l’effet de la chute de l’eau, & cette paille s’opposera en partie à la grande évaporation. Dans le nord, la graine ne lève en général, qu’un mois après le semis.

Le choix de la semence est indispensable, si on ne veut pas courir le risque de voir un travail de deux années perdu & inutile. Ne semez que les graines que vous aurez cueillies vous-même, ou que vous aurez reçues d’une personne qui soit un autre vous-même. Quelques œillets larges & demi-houppés donnent par fois de la graine : si la couleur de l’œillet est bonne ; si, en termes de fleuristes, il promet, c’est le cas de la choisir de préférence, puisque cette espèce a déjà éprouvé un perfectionnement réel, & qui ne peut qu’augmenter par les soins assidus.

Les fleuristes préfèrent cependant les grenadins bien faits, & à panachés réguliers. Autrefois ils préféroient les piquetés, aujourd’hui ils ne veulent guères plus que les grenadins à trois couleurs bien prononcées & bien séparées. Si je ne me trompe, c’est aux semis de la graine du Médée qu’on est redevable des tricolors ou bizarres. Le médée est un grenadin dont la couleur est d’un beau pourpre un peu foncé, & bien velouté, à panaches réguliers, d’un pourpre plus foncé & tirant sur le noir. Ce qu’il y a de certain, c’est que de ses semis j’ai obtenu les plus beaux bizares.

On trouve chez les marchands de graines, des semences d’œillets. Ils sont trompés par ceux de qui ils les achètent, qui ne pouvant se défaire au marché, ou chez les distillateurs, de leurs fleurs simples, les laissent grainer, & les livrent ensuite dans le commerce. Lorsque j’étois fleuri-