Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faut la coiffer. On appelle coiffer un œillet, passer entre son calice et ses pétales, un morceau de carton mince, coupé circulairement, et de la grandeur qu’on suppose à la fleur dans sa perfection.

Il doit être percé dans son milieu, et son vide être du diamètre du volume des onglets de la fleur, ensuite fendu en ligne courbe depuis un point de sa circonférence jusqu’au centre, ainsi qu’il est ici représenté.

D’une main, on saisit tous les pétales, et on les rassemble ; et de l’autre, en faisant bailler les deux bords séparés du carton, on glisse adroitement la partie A entre les pétales et le calice ; enfin, le calice se trouve en dessous, et les onglets des pétales remplissent le vide du milieu du carton.

Après cette opération, il en reste une seconde ; c’est l’arrangement symétrique des pétales, et sans confusion aucune sur toute la surface du carton. À cet effet, on se sert d’une petite pince de bois avec laquelle on range feuille par feuille. Si on a laissé deux boutons sur la même, on peut les réunir afin de présenter un corps de fleurs plus volumineux. Il y a des fleuristes si adroits, que d’un œillet médiocre, ils ont l’art de le faire paroître comme un bel œillet.

Les œillets prolifères ont dans le centre de la fleur, depuis un jusqu’à trois ou quatre petits calices qui renferment de petites fleurs. Si on ne les fend pas, si on ne les ouvre pas et si on ne les supprime pas, cette partie de la fleur avorte ; c’étoit cependant de ce centre que devait partir une jolie houppe de feuilles : il faut de l’adresse et de la patience, lorsqu’on enlève ces calices partiels ; mais on est bien dédommagé de ses peines lorsque l’opération est faite à temps. Plus on diffère cette suppression, et moins les pétales grandissent.

À mesure que les œillets fleurissent on porte les pots sur les gradins de l’amphithéâtre, et le fleuriste cherche à assortir les couleurs, afin qu’elles produisent plus d’effet. Les gradins sont communément placés au nord, ou tout au plus tournés vers le soleil levant, et recouverts par des planches ou par des tentes, afin de conserver les fleurs plus long-tems, et de les garantir du soleil et de la pluie qui les font passer trop vite. Le long séjour sur les gradins nuit à la plante qui est privée en partie du bénéfice de l’air libre. Les arrosemens des pots, trop répétés, occasionnent la moisissure.


CHAPITRE VI.

De la multiplication des œillets.


Outre les semis dont on a parlé, on multiplie les œillets par marcotte et par bouture. Il est inutile de répéter ce qui a déjà été dit sur les marcottes des fleuristes, (voyez ce mot) et