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Une seule marcotte suffit pour un de ces pots. Les soins pour sa plantation & sa reprise, sont les mêmes que ceux dont on a déjà parlé.

Dans le centre du royaume, les œillets commencent à élancer leurs dards ou tiges, en avril, ou au commencement de mai, suivant la saison. C’est ici l’époque où commencent réellement les grands travaux du fleuriste. Si plusieurs tiges s’élèvent du même pied, celle du milieu demande à être conservée, & les autres supprimées. À mesure que la tige s’élève, elle pousse de petites tiges latérales qui naissent des aisselles des feuilles, elles sont encore à supprimer : enfin, on ne laisse que le premier bouton à fleur, celui qui occupe la partie supérieure de la tige. Si l’œillet est grenadin, on peut laisser deux à trois boutons, mais sur autant de tiges séparées : plusieurs boutons sur la même tige, nuisent au perfectionnement du bouton du sommet : cependant quelques fleuristes aiment mieux ne conserver qu’une seule tige, & lui laisser plusieurs boutons… À mesure que le dard s’élève, on l’assujettit contre la baguette avec des brides de rognures de chapeau, de drap, &c, ou avec des cartes coupées dans la forme ci-à côté.

On fait entrer la partie A dans l’ouverture B ; alors cette espèce d’anneau embrasse la tige & la baguette. Ces anneaux doivent être multipliés autant que le besoin l’exige ; & un sur-tout demande à être placé près du bouton pour le soutenir & le rassurer contre les coups de vent.

Lorsque le moment de la fleuraison approche, le calice des boutons s’enfle, bientôt ceux des œillets prolifères vont se déformer, se jeter & crever d’un côté. Il n’y a plus de temps à perdre, c’est le moment d’aider la nature ; alors, avec une lame fine & bien tranchante, on incise légèrement le calice sur les côtés opposés à celui où il tend à crever, sans endommager les pétales. Les pétales devenus moins gênés, prennent une nourriture égale, & ne sont pas déformés. Sans cette précaution, la fleur se jette d’un seul côté, une partie de sa circonférence est dépourvue de grandes feuilles, & leur totalité ne présente plus un rond parfait ; ce qui étoit cependant un point essentiel à la beauté de la feuille. Les grenadins n’ont jamais besoin de ce secours : très-rarement les houppés les demandent, mais ils sont de rigueur pour les prolifères.