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sible de le faire avec des arrosoirs, comme dans le nord ; on est donc obligé d’arroser par ruisseau, (Voyez le mot Irrigation & sa gravure) Avant de préparer la terre que l’on destine au semis, on lui donne une forte irrigation. Lorsqu’elle est un, ou tout au plus tard, deux jours après, en état d’être travaillée, on répand pardessus du fumier quelconque bien consommé ; on la travaille à fond, & on forme son ados : la partie supérieure seule est semée, & jusqu’à la hauteur où l’eau de l’irrigation doit monter. Mais afin de prévenir la grande évaporation d’humidité qui a lieu dans cette saison, on couvre les semis avec de la paille, ou avec des herbes, jusqu’à ce que la graine ait germé, & soit hors de terre ; c’est ordinairement au bout de dix-huit à vingt jours. On peut encore semer en septembre & même en octobre.

On ne seme jamais dans ces provinces, l’oignon pour rester en place. L’expérience a prouvé que celui qui est bien transplanté, prospère beaucoup mieux, que celui qui se l’a pas été.

Transplantation. Il est rare de voir une seule pratique du jardinage qui ne soit accompagnée d’un abus ; parce que l’homme croit toujours en savoir plus que la nature : le jardinier n’enlève pas de la pépinière, les jeunes pieds, mais il les arrache. Il est vrai que cela est égal pour lui, puisqu’il doit en écourter soigneusement les racines. Je dirai à l’ouvrier, ouvrez une tranchée par un des bouts de la pépinière, creusez au-dessous des racines, & peu à peu faites tomber les pieds avec la terre qui les environne. Prenez ces pieds bien enracinés, placez-les, rangez-les dans un plat ou vase quelconque à moitié plein d’eau, & lorsque vous en aurez une certaine quantité, allez planter à demeure, sans briser, ou rafraîchir aucune des racines, & ne coupez pas la sommité des feuilles.

Avant de replanter, le terrain doit avoir été bien défoncé & fumé, ainsi qu’il a été dit, & disposé en sillons & en ados.

L’oignon ne demande pas à être beaucoup enterré ; ainsi on doit, avec la cheville, proportionner la profondeur du trou, à l’extension des racines, & à la longueur de la tête de la bulbe.

À quoi serviront les racines, si suivant la coutume, on presse tout d’un côté la terre contre les racines ? on les meurtrira, on les écrasera. D’une main, l’ouvrier doit tenir la plante suspendue dans le trou, & de l’autre, le remplir peu à peu avec de la terre fine, afin que le pied ne s’aperçoive pas pour ainsi dire de son changement de demeure. On peut encore tracer une rigole à la base de l’ados, y placer l’oignon & disposer ses racines, enfin les couvrir de terre & raccommoder la forme de l’ados.

Je conviens que cette manière de travailler est bien moins expéditive que celle des jardiniers ; que, par conséquent, elle est plus coûteuse ; mais la solution, du problème consiste à se convaincre, par l’expérience, de laquelle des deux méthodes on obtiendra le plus d’oignons, & quelle sera la différence du prix de la vente. J’ai fait l’essai de toutes deux, & je m’en tiens à la dernière.

On dira qu’il est inutile de ménager les racines & le sommet des feuilles, puisqu’il en gousse de nouvelles :