Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/214

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du-St.-Esprit, à Montpellier, à Beziers, &c. la verdale est ainsi nommée à cause de son fruit qui reste vert pendant long-temps, ou du moins il rougit peu, & sa couleur ressemble à celle du fruit du prunelier lorsqu’il commence à mûrir. Le pédoncule est long ; le fruit, de forme ovoïde & un peu pointu à l’extrémité supérieure, & tronqué à sa base. Le noyau est garni de deux sutures longitudinales, de forme ovoïde alongée & terminée par une pointe ; les feuilles sont longues, renflées dans le milieu, alongées aux deux extrémités ; leur couleur est blanchâtre en-dessous, & d’un vert assez clair en-dessus.

M. Amoreux, dans l’ouvrage déjà cité, s’explique ainsi au sujet de cette espèce d’olivier… La verdale sort d’un arbre qui a plus d’apparence que de bonté. L’olive ne paroît jamais mûre, elle reste long-temps verte & d’un vert de pomme, ou jaune verdâtre ; elle se pourrit même en mûrissant, ce qui lui a fait donner, par quelques-uns, le nom de pourridale. C’est une pauvre espèce d’olivier qui a toutes sortes de mauvaises qualités ; il craint le froid & le chaud, est sujet aux vers, est stérile dans les terrains maigres, donne peu d’huile, & de qualité inférieure. Les Provençaux le méprisent ; en Languedoc, on ne le multiplie que pour avoir des sujets propres à être greffés, parce qu’il ne forme pas un gros arbre, ce qui est à rechercher dans quelques cantons.

Je ne doute pas que M. Amoreux n’ait très-fort raison, relativement au territoire de Montpellier ; mais la matière de juger cet arbre par les cultivateurs des environs du St.-Esprit, est diamétralement opposée à la sienne. Cet arbre y donne régulièrement de deux années l’une, & quelquefois il charge à l’excès. L’huile que l’on retire de son fruit est une des plus estimées du pays ; il est reconnu dans les environs de Cassan, de Pézenas, que cet arbre vient à peu près dans toutes les expositions convenables aux oliviers, qu’il se charge convenablement de fruit ; mais l’huile n’en est pas délicate. Je puis certifier que l’espèce de verdale du St.-Esprit, de Montpellier, de Pézenas & de Beziers sont spécifiquement les mêmes ; j’ai, de ces différens endroits, des échantillons chargés de fruits, & après les avoir rigoureusement examinés, je n’y vois aucune différence : ce contraste singulier d’opinions prouve que nous sommes encore dans l’enfance sur la culture de l’olivier, & que tout ce que l’on fait, est purement local ; c’est-à-dire, que l’expérience a prouvé que dans tel ou tel canton une espèce y réussiroit bien ; mais on ignore si telle autre espèce n’y réussiroit pas encore mieux.

VIII. Le Moureau, ou la Mourette, ou la Mourescale, ou Négrette. Olea præcox. Gouan. Olea media rotunda præcox. Tourn. Cet arbre est généralement reconnu pour un de ceux qui donne la meilleure huile, & on le cultive dans presque tous les cantons de la Provence & du Languedoc. Sa dénomination vient de la couleur de son fruit qui paroît noir sur l’arbre en mûrissant, & dont la pulpe est d’une couleur vineuse très-foncée : la couleur du fruit rougit un peu lorsqu’il se sèche, ou lorsqu’on le laisse fermenter en tas ; il est de forme ovale & courte,