Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/216

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viers de ma métairie, que ce n’étoit qu’un jeu de la nature, car ces mêmes oliviers qui avoient porté ces olives en grappes, en portoient les années suivantes de rondes, & tout à-fait semblables à la barralenque, (voyez N°. 5, à la grosseur près) »

Il est constant que, dans des espèces qui ne sont déjà par elles-mêmes que des variétés, la manière d’être varie de temps à autre. D’ailleurs, Garidel, quoique bon observateur, ne dit pas si, dans les années où les fruits n’ont pas été rassemblés en bouquet, le froid, les pluies ou telles autres intempéries des saisons n’avoient pas fait couler la majeure partie des fleurs, ou tomber quelques-uns des fruits encore tendres, qui devoient former le bouquet.

La fleuraison, la forme & la grosseur du fruit des barralenques, prouve que leurs espèces ou variétés n’ont rien de commun avec le bouteilleau. Il dit : ces trois espèces (le corniau, N°. 4, l’ampoulleau, N°. 5, le moureau, N°. 8), qui sont très-communes dans notre territoire, sont connues du vulgaire sous le nom d’aulivo barralenquo. À laquelle des trois espèces rapporteroit-il donc l’olivier à bouquet ? Je les compare les uns avec les autres, & je n’y trouve aucune ressemblance : j’ai cueilli des échantillons d’oliviers chargés de fruits mûrs dans tous les principaux lieux par où j’ai passé, & enfin arrivé à Aix, des particuliers ont eu la complaisance de rassembler les meilleurs & les plus instruits cultivateurs du pays ; ils ont pris pour barralenque, l’olive appelée au St. Esprit la filoche, dont le fruit est vraiment semblable à celui de l’olivier à bouquet, mais du double plus gros, & il ne donne pas des fruits rassemblés en bouquet. L’olive rose de Cassan, & à feuilles très-étroites, à fruit moins gros & moins rond que la filoche, le vrai bouteille au de Montpellier, pour la petite mourette ; la pointue du St.-Esprit, pour la barralenque &c. Je ne finirois pas, si je rapportois toutes les espèces ou variétés regardées comme des barralenques. Malgré ces contradictions, il est très-vrai qu’en Provence il y a confusion d’idées sur les barralenques, que le bouteilleau est une espèce à part, qu’il a plus d’affinité avec la mourette qu’avec aucune autre espèce, mais qu’il en diffère essentiellement par la forme de son fruit arrondi, de couleur moins noire ; par son noyau court, renflé, peu aplati d’un côté, terminé en pointe dans sa partie supérieure, & sillonné de tous les côtés par ses feuilles moins grandes, moins larges, & en général plus arrondies à leur sommet.

Cet arbre vient par-tout, craint moins le froid que les autres oliviers ; l’huile en est bonne, elle fait beaucoup de dépôt ; il ne charge pas souvent, & quand il charge, c’est à outrance.

X. Sayerne, ou Sagerne, ou Salierne. Olea atro-rubens. GOuan. Olea minor rotunda rubro-nigricans. Tourn. Peu connue en Provence, où on la classe encore avec les barralenques. Elle tire sa dénomination de la couleur violette & noire de son fruit. Cette olive fournit une huile des plus fines : son écorce est duvetée comme celle des prunes (ce qu’on nomme la fleur) ; sa forme est arrondie, pointue par le haut, élargie par le bas ; son noyau est petit, sillonné, alongé, arrondi à sa base, terminé