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par une pointe vive à son sommet : les feuilles sont petites, terminées en pointes des deux côtés, leur plus grande largeur est au-delà du milieu. L’arbre ne devient jamais bien gros, il se coiffe bien, craint le froid, il aime les terrains caillouteux & les roches ; le fruit tombe facilement de l’arbre.

XI. La Marbrée, ou Tiquetée, ou la Pigale, ou le Pigau. Olea variegata. Gouan. Olea minor, rotundo ex rubro & nigro variegata. Tourn. Cette espèce varie beaucoup, même à peu de distance d’un lieu à un autre, soit pour la grosseur, soit pour la forme du fruit ; mais ces variétés le rapprochent par sa couleur. L’olive passe de la couleur verte à la rouge, de celle-ci au violet très-foncé, & dans cet état sa pellicule est tiquetée de points blancs. La grosse & la petite espèce, sont en général, assez arrondies, mais pas autant que celle du bouteillau, N°. 9. Le noyau de la grosse espèce est petit, proportion gardée avec le fruit ; il est sillonné de tous les côtés, & ses deux extrémités sont arrondies ; celui de la petite espèce est plus gros que l’autre, plus renflé à sa base & plus pointu à ses deux extrémités. Les feuilles de la première sont larges & courtes ; celles de la seconde, pointues & étroites.

L’espèce nommée pigale à Nismes, ainsi que la petite espèce précédente, sont mises au rang des mourettes en Provence. L’espèce de Nismes a son fruit plus alongé, plus pointu, plus petit ; son noyau a les mêmes formes que celui de la petite espèce, mais il est plus petit qu’aucun des deux autres, & la base est tronquée.

XII. L’odorante, ou la Luquoise, ou la Luques. Olea odorata. Roz. Olea minor Lucensis, fructu odorato. Tourn. Olive odorante, très-longue, proportionnée à sa grosseur, dont la coupe ressemble à celle d’un bateau ponté, c’est-à-dire, qu’elle est courbée d’un bout à l’autre, pointue & relevée des deux côtés, mais en général, plus du côté de sa base ; le noyau est long, étroit, sa courbure imite celle du fruit ; lorsqu’il est décharné & bruni par l’air, on le prendroit pour la chrysalide de quelque insecte, & sa pointe supérieure est plus aiguë que celle de la base ; la peau du fruit est long-temps verte, & lors de sa maturité, elle est rougeâtre, piquetée ; la pulpe de couleur vineuse ; les feuilles larges, nombreuses, peu pointues au sommet, & la pointe plus alongée vers la base ; l’huile de cette olive est fort douce ; l’arbre demande un bon sol, charge beaucoup, quand il donne, & craint moins le froid que beaucoup d’autres oliviers. On commence à le multiplier pour confire son fruit ; c’est le plus exquis pour les préparations, mais il ne se conserve pas autant que celui des autres oliviers.

XIII. L’Olive d’Espagne, ou l’Espagnole, ou plant d’Eiguieres de la grosse Espece. Olea hispanica. Roz. Olea fructu maximo. Tourn. C’est la plus grosse espèce d’olive connue en France, mais dont la grosseur n’approche pas de l’olive de Lima qui, sans exagération, est grosse comme un petit œuf de poule. Celle d’Espagne est excellente pour confire, & c’est presque le seul usage auquel on la destine, puisque son huile est amère : elle est commune en Espagne,