Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/219

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Nice, fruit très-petit, ovale, tronqué par les deux bouts ; sa grosseur n’excède pas celle d’un haricot de la petite espèce ; la couleur blanche de l’écorce ressemble assez à de la cire ; le fruit est peu charnu ; le noyau très-gros, proportion gardée, alongé, pointu des deux bouts, la pointe du sommet plus aiguë ; le bois n’est marqué d’aucun sillon. Les feuilles courtes, très-larges, pointues aux deux extrémités ; les rameaux déliés sans beaucoup de consistance. Cette espèce d’olivier est plus curieuse qu’utile, & c’est peut-être la seule espèce d’olive qui ne noircisse pas ; son huile est douce, mais fade, & en petite quantité.

Voilà un assez grand nombre d’espèces jardinières, décrites de manière à être reconnues pour peu qu’on prenne la peine de confronter les caractères de celles que l’on cultive dans chaque canton, avec ceux qu’on vient d’établir. Mais ai-je indiqué toutes les espèces connues en France ? Je ne le crois pas : la chose ne sera possible que lorsque le travail général & préliminaire, dont j’ai parlé dans le commencement de cette section, aura été exécuté par une personne accoutumée à voir & à bien voir. Des circonstances particulières, & auxquelles je ne devois pas m’attendre, me forcent à aller continuer mes travaux dans un autre pays, où je ne serai malheureusement plus à portée de suivre les expériences relatives à cet objet, & que j’avois entreprises à Beziers.

Les espèces d’Espagne, d’Italie, de Grèce, & celles qui étoient connues des Romains, sous les dénominations de pausia, d’algiana, laciniana, sergia, nevia, culminia, orchis, regia, circites, murtea., &c. sont-elles les mêmes que celles qui sont cultivées en France ? Il se peut que quelques-unes se soient conservées, mais Columelle & les autres écrivains n’ont établi aucun caractère propre à les distinguer ; & ils ne les ont point décrites : il ne reste tout au plus que des apperçus, d’ailleurs le grand point n’est pas de savoir si, dans tel canton, les espèces ont été transmises par les Grecs ou par les Romains ; & sous quels noms ils les connoissoient : c’est aux Littérateurs à suivre ces discussions ; mais le cultivateur a besoin d’être assuré par l’expérience que telle ou telle espèce résiste mieux au froid que telle autre, que l’une donne beaucoup de fruit, & ce fruit une huile de bonne qualité, enfin quel est le grain de terre propre à ces différentes espèces. Voilà le travail à faire. Un très-grand nombre d’obstacles s’opposent, dans cette province, à la réussite des tentatives qu’on pourroit faire à cet égard : l’administration peut seule les lever toutes. Malgré cela, il faut espérer que dans une des provinces méridionales les plus fertiles, il se trouvera un particulier assez généreux pour faire les sacrifices nécessaires, & qu’il continuera ses épreuves pendant 15 à 20 années, afin de donner au tardif olivier le temps de croître & d’être assez en rapport pour tirer de ces expériences les résultats les plus avantageux.