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CHAPITRE II.

Du climat & du sol convenable à l’olivier.


Le choix du sol est, en général, très indifférent pour cet arbre ; puisqu’on le voit croître dans les terrains sablonneux, rocailleux, caillouteux, volcaniques ; c’est même dans ceux-là qu’il donne l’huile la plus fine. Il végète également & avec une vigueur considérable dans les terres fortes, substantielles, & quoique le fond soit argileux, il subsiste moins bien à la vérité dans celui-ci, parce qu’il étend ses racines sur la superficie, & qu’il pénètre dans les gerçures de l’argile, dès qu’il en rencontre. Le plus ou le moins de prospérité dans sa végétation est le seul résultat des différens sols ainsi que la délicatesse de l’huile, abstraction faite de celle qui tient aux différentes espèces d’olives. Ce n’est donc pas le grain de terre que l’on doit considérer, lorsqu’il s’agit de l’examen de sa simple existence comme arbre. Il est donc clair que cette existence tient à autre chose.

Les écrivains anciens ont dit que l’olivier ne pouvoit subsister à plus de trente lieues éloigné de la mer. Cette assertion peut être vraie relativement à la France, mais je la crois très-fausse relativement à toute autre contrée, lorsque cet arbre se trouve dans les circonstances qui lui conviennent, quoique à des distances très-considérables de la mer.

Un éloignement de trente lieues, suppose déjà une élévation du sol au-dessus du niveau de la mer, & par conséquent une diminution dans la hauteur de l’abri ; de-là une diminution dans la température du canton.

Si on se rappelle ce qui a été dit au mot agriculture, dans les chapitres des bassins formés par les rivières, & des abris, on trouvera aussitôt la solution du problème, puisque l’on voit dans le bailliage de l’Aigle en Suisse, le grenadier, l’amandier, la vigne réussir en pleine terre, & jouir de la température des provinces presque les plus méridionales, tandis que dans la partie supérieure de ce même bailliage on trouve presque la température de la Suède. Bayonne est au quarante-quatrième degré, Carcassonne, Beziers, Montpellier, Marseille, Aix, Toulon, Nice, sont au même degré ; cependant l’olivier ne réussira jamais dans le territoire de Bayone, parce que les abris lui manquent, & sans les abris cet arbre ne trouve plus la température qui lui convient : la chaîne des montagnes qui traverse le Languedoc de l’est à l’ouest, n’est éloignée de la ville de Beziers, que de six à sept lieues. Le pied de ces montagnes est chargé d’oliviers, mais si on les traverse, ce qui forme un espace de deux à trois lieues au plus, on ne trouve plus de l’autre côté les mêmes abris contre le nord, dès-lors plus d’oliviers ; cependant cet intervalle ne présente qu’une distance de dix à douze lieues de la mer. L’existence de L’olivier ne tient donc pas au plus ou moins de rapprochement de la mer, mais aux abris ; tout le monde a vu dans le jardin du Roi, à Paris, des oliviers végéter en pleine terre, mais ils étoient placés contre le mur des serres, & dans la partie la plus chaude & la mieux abritée : on conclueroit peut-être, de cet exemple cité, que si l’olivier passe les hivers dans ce jardin, il subsisteroit également ailleurs ; oui, si les circonstances étoient éga-