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velle écorce, augmentent le diamètre du bourrelet, & multiplient les yeux des nouvelles pousses. Lassé de couper sans cesse, j’ai fait enlever cette continuité de bourrelets, & recouvrir la plaie avec l’onguent de saint Fiacre. (voyez ce mot) Ces excroissances enterrées à six pouces, ont produit un nombre prodigieux de rameaux. À la seconde année je n’en ai conservé qu’un ou deux, & leur végétation a été rapide ; très-peu ont manqué.

Des bourgeons du collet. Les bourgeons qui naissent directement du collet, peuvent être employés utilement ; mais avec un ciseau il faut les détacher du collet & leur laisser une grande partie du bois de dessous recouverte de son écorce. On les plante perpendiculairement entre cinq & six pouces de profondeur. J’ai toujours observé que plus on laissoit la tige longue, & moins l’on étoit assuré de la réussite. Les tiges coupées à un pouce au-dessus du sol, & la coupure recouverte par l’onguent de saint Fiacre, ne sont point hâlées par le courant d’air.

Les bourgeons qui naissent éloignés du tronc, & qui, de la racine, s’élèvent à travers la terre, sont bien précieux. On peut en conserver au moins un & également deux, lorsque le sol est bon, régulièrement bien travaillé, bien fumé, sur-tout lorsque l’arbre est vigoureux. Ces bourgeons deviendront arbres, & lorsqu’ils auront deux à trois pouces de diamètre, il faudra les séparer, & couper les deux bouts de la grosse racine qui les porte, on aura alors un plant garni de bons chevelus. Plusieurs écrivains ont dit que ces rejetons nuisoient à l’arbre, qu’ils en absorboient la sève ; & que l’olivier donnoit alors moins de fruit. Ils peuvent avoir raison si cet arbre est mal tenu, mal fumé, & dans un champ mal travaillé. J’ai suivi avec la plus grande attention la manière d’exister de ces rejets & de leur père, & je puis dire avec confiance que s’ils lui sont nuisibles, cela ne paroît pas. Ce qui est le plus à redouter pour eux, c’est la dent des troupeaux. La soustraction de ces nouveaux pieds est la même que pour les premiers, avec cette différence cependant qu’il faut laisser à celui-ci tout le tronçon de la racine avec ses chevelus sur une longueur de cinq à six pouces de chaque côté.

§. IV. Multiplication par les racines.

Les racines, ainsi qu’on l’a déjà dit, sont couvertes, d’espace en espace, de protubérances plus blanches que celles du reste de l’écorce. Elles ne sont pas, comme quelques uns l’ont pensé, occasionnées par des piqûres d’insectes, des plaies, des galles, &c. Elles sont naturelles à la racine, & ce sont autant de placemens pour les racines nouvelles qu’elles produiront dans la suite ; ce sont de vrais boutons qui n’attendent que le moment de s’ouvrir. On en voit, de semblables sur les jeunes branches qui poussent sous l’écorce, & que l’on ne doit pas confondre avec les galles creuses qui sont l’ouvrage de l’insecte, & qui lui servent de demeure ; les premières indiquent la vigueur, & les secondes concourent à l’épuisement.

Lorsque l’on arrache, lorsque l’on déplante un olivier, on a la barbare coutume de ne lui laisser que sa souche,