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ceux couchés & enterrés à quatre pouces ont très-bien végété. Cette méthode, quoique très-avantageuse, a le même défaut que celle par les racines dont il sera parlé ci-après. Toutes ces expériences ont été faites pendant les mois de mars & d’avril.

Conduire des boutures, (voyez ce mot) dans des pots percés, ainsi que le pratiquent les amateurs dans les provinces moins brûlantes que celles du midi, seroit un travail en pure perte dans celle-ci, à moins d’avoir de grands pots. Il faudroit à chaque instant avoir l’arrosoir à la main, & placer piquet sur piquet, afin de maintenir le pot dans une bonne position, & afin qu’il pût résister à la violence des coups de vents.

Des auteurs ont conseillé de faire des boutures en couchant les branches en terre. Ils ont raison s’ils trouvent des branches propres à cet effet ; mais, comme par rapport aux troupeaux, on tient les branches assez élevées pour qu’ils ne puissent pas y atteindre, il paroît presqu’impossible de suivre le conseil que ces auteurs donnent. Si les rejets partent des racines & en assez grand nombre pour en faire un buissonnier, alors on peut en coucher un certain nombre, & conserver la perpendiculaire aux autres tiges ; si le tronc a déjà été abattu, s’il reste sur pied, ces boutures multipliées l’affameroient.

En Espagne, près de Séville, on prend une branche d’olivier jeune, saine & grosse comme le bras. On partage en quatre son extrémité inférieure & en manière de croix, sur une longueur de six à huit pouces, & afin que ces quatre morceaux ne se rejoignent pas, on place dans le milieu une petite pierre qui les empêche de se réunir. Cette branche est plantée à la profondeur de deux pieds. On s’est imaginé que la pourriture s’établissoit dans la partie supérieure de la fente, entre les quatre divisions de la branche ; que cette pourriture montoit & gagnoit insensiblement le haut & tout le tronc ; enfin que la cavité des arbres auxquels il ne reste souvent que l’écorce, étoit une suite nécessaire de la division de la branche par le bas. Si on avoit pris la peine de déchausser ces jeunes pieds la troisième ou quatrième année après leur reprise, on auroit vu que l’écorce recouvroit entièrement chaque division, & qu’elle s’étoit portée de devant en arrière pour en faire le tour ; enfin on auroit trouvé qu’à la réunion de l’enfourchement, l’écorce avoit fait bourrelet, & qu’il ne restoit plus de parties ligneuses à nu. La pourriture intérieure des branches, du tronc, &c. est uniquement due à la taille ; ce qui sera prouvé ci-après.

§. III. Multiplication par les rejetons.

J’appelle ici rejetons les bourgeons qui s’élancent du tronc de l’arbre, mais plus particulièrement encore ceux qui partent des racines ou de leur collet.

Des bourgeons du tronc. Si par hasard un bourgeon s’est élancé du milieu du tronc, on se hâte de l’abattre dès qu’on s’en apperçoit. Si cette branche n’a pas été coupée très-ras, l’écorce qui se régénère recouvre la coupure, y forme une proéminence, enfin un bourrelet. Il est rare que dans la suite il n’en sorte pas de nouveaux bourgeons qui, abattus à leur tour, & la plaie recouverte par la nou-