Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/24

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donc nécessaire à une belle fleuraison & à une belle fructification. On dira que les arbres effeuillés donnent des fruits dont les graines germent très-bien. Cela est vrai : mais si l’on prend la peine d’examiner les fruits de l’arbre non effeuillé, on verra qu’ils sont plus gros, & mieux nourris que ceux des arbres effeuillés. La graine suit les mêmes proportions. Que l’on regarde ces précautions comme minutieuses, j’y consens ; cependant, dans toutes les opérations d’agriculture, on doit travailler pour le mieux. Les fleuristes, pour de simples objets d’agrémens, donnent à ce sujet, de belles leçons aux cultivateurs.

Quand faut-il cueillir la graine ? La nature indique l’époque ; c’est lorsque le fruit tombe de lui-même. L’emboîtement par articulation de son péduncule avec l’écorce de la branche ne reçoit plus les sucs nécessaires à l’entretien de la synovie, elle se dessèche, l’articulation se déboîte, le fruit tombe, & l’arbre a rempli sa première destination qui est sa reproduction par la graine ; enfin le but de la nature est rempli. À cette époque, la graine est à coup sûr dans son état de perfection : on peut, si l’on veut, secouer légèrement les branches de l’arbre après avoir étendu des toiles au dessous, ou se contenter de ramasser sur terre les fruits, à mesure qu’ils sont tombés.

La baie est mucilagineuse, sucrée & assez remplie de ce suc. Si on amoncéle les baies, elles fermentent, elles s’échauffent, & de la masse il s’exhale une odeur vineuse. Cette fermentation altère la graine ; afin d’éviter cette altération, imitons la nature qui dissémine ses fruits. Peu à peu le courant d’air & la chaleur enlèvent & font évaporer leur humidité ; enfin la pulpe desséchée se colle contre la graine, qu’elle préserve du contact extérieur de l’air, afin de la conserver. Tel est l’exemple qu’elle nous donne, & que nous devons suivre. On doit, après chaque cueillette de baies, les porter dans un lieu bien aéré & à l’ombre, les séparer les unes des autres, & les laisser ainsi jusqu’à ce que la pulpe soit bien desséchée : alors on les serre dans des boîtes enveloppées dans du papier, en lieu sec & fermé. Cette méthode n’est pas celle de tous les autres qui ont écrit sur ce sujet. Ils conseillent d’écraser la pulpe avec les mains, dans des vases remplis d’eau, de l’y fortement agiter, afin d’en séparer la graine qui doit se précipiter au fond du vase. Alors on vide la partie supérieure de l’eau, en inclinant le vase, de manière que tous les débris s’échappent avec l’eau & que la graine reste au fond. Ensuite on met de nouvelle eau, on répète la première opération, jusqu’à ce que la graine soit nette ; après cela, on l’écoule sur un linge où elle finit de sécher. Pourquoi contrarier ainsi le vœu de la nature qui n’a pas rempli de pulpes ces baies, pour vous donner le plaisir de les paîtrir.

Une autre méthode de conserver la graine, & qui n’est pas à négliger, consiste à la mêler & à l’enfouir dans le sable : elle y conserve mieux fa fraîcheur, & elle est à l’abri du contact immédiat de l’air.

Section II.

Quand & comment doit-on semer ?

§. I. Quand doit-on semer ? Ici