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raison, un arbre planté avec ses racines aura plus de facilité à en pousser de nouvelles, & sa reprise sera bien plus sûre que celle de ces morceaux isolés. Un tel arbre sans racines végétera, au retour de la chaleur, à peu près comme un peuplier qu’on aura coupé pendant l’hiver, parce qu’il lui reste un peu de séve qui développe les boutons déjà formés ; mais lorsque ce reste est épuisé, lorsque la chaleur du mois d’août se fait sentir, les boutons se dessèchent & périssent. Il en est de même des oliviers, & si l’été a été sans pluie, chose fort commune, la terre desséchée, qui environne la souche, concourt encore à absorber le peu d’humidité qui lui reste, aussi voit-on à cette époque les premiers jets périr. On arrose, vous dit-on, de pareils arbres ; cela est vrai, mais la chose est-elle toujours possible, & souvent, & très-souvent cette précaution ne suffit pas pour sauver l’arbre, parce qu’il n’a pas encore les moyens de subsister par lui-même.

Section II.

De la forme & de la grandeur des trous.

La forme quarrée est préférable à la ronde, puisqu’elle a quatre angles qui dépassent, le cercle, & dont la terre est remuée. La largeur & la profondeur dépendent de la grosseur, de l’arbre, du volume de sa souche & de ses racines. La profondeur & la largeur sont des objets sur lesquels il convient le moins de lésiner. L’arbre dédommagera dans peu des avances qu’on aura faites. D’ailleurs, si, pour les arbres déjà formés, on a eu la précaution de les enlever avec beaucoup de racines, il est clair que le diamètre & la profondeur de la fosse doivent être bien plus considérables pour ceux-là, que pour les arbres de pépinières ; il n’y a donc point de règles fixes sur les fosses des gros arbres, à moins qu’on ne se contente de les lever seulement avec leur souche ; alors une fosse de six pieds sur trois, est suffisante. Elle l’est également pour les sujets tirés des pépinières, & encore mieux si on leur donne sept ou huit pieds sur quatre de profondeur.

La nature du sol doit encore être consultée. Plus il est maigre, caillouteux, argileux, crayeux, marneux, & plus les fosses doivent être grandes & profondes. Dans tous ces cas la terre doit être amendée par l’air & par les météores, & l’être long-temps à l’avance. Les terres compactes, argileuses ont encore plus besoin de cette opération que les autres. On ne peut trop les défoncer afin de faciliter l’extension des nouvelles racines qui ne s’étendent qu’avec la plus grande peine dans les argiles, les craies, &c. Comme ces terres retiennent l’eau, comme après de longues pluies, elles ressemblent à des bassins qui sont remplis d’eau, les cultivateurs attentifs donnent aux fosses un à deux pieds de plus en profondeur, & remplissent cette excavation avec des pierres ou avec de gros graviers ; alors l’eau filtre à travers, & ne pourrit plus les racines d’un arbre qui craint la trop grande humidité.

On devroit, aussitôt, que le grain est récolté, & dans l’endroit où l’on se propose de planter un olivier, faire ouvrir une fosse proportionnée au volume de l’arbre qu’on lui destine. Le soleil, pendant l’été, pénétrera le fond de la fosse de sa lumière & de sa chaleur, & les pluies de l’automne & de l’hiver y établiront un réservoir d’humidité, dont l’arbre