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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/245

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l’entrée du printemps ou de l’hiver, & forcé de supprimer quelques pieds d’oliviers qui se trouvoient dans la direction des promenades tracées autour de mon habitation, j’en fis déplacer un dans le mois de juin, & pendant la fleuraison, & le second le fut au mois de juillet. C’étoit un sacrifice de deux pieds, ou une expérience qui résultoit de cette tentative. Sans entrer dans aucun autre détail superflu, je dirai seulement qu’après avoir couronné l’arbre, en observant cependant de lui laisser trois ou quatre bourgeons petits & de l’année, il fut transporté de la manière qui a été indiquée ci-dessus, & arrosé au besoin. Les bourgeons de l’un & de l’autre pied se flétrirent & restèrent tels pendant plus de huit jours ; enfin peu à peu la séve reprit sa première route, & avant l’hiver les bourgeons furent vigoureux. Ces deux oliviers n’ont pas été plus endommagés des froids que les oliviers voisins. Cette expérience prouve que cet arbre est un des plus vivaces ; que, semblable aux saules & aux peupliers, on peut le planter pendant tout le cours de l’année, si on ne lui laisse pas endurer la soif, & sur-tout s’il est planté avec méthode. Il faut bien que l’olivier soit vivace, puisque malgré les défauts de la taille, malgré les amputations énormes de ses branches qui ont lieu tous les deux ans, malgré les chicots qu’on laisse, & qui sont la cause de la pourriture qui gagne insensiblement toute la partie ligneuse & inférieure ; enfin, malgré les larges & nombreuses plaies dont on le couvre, cet arbre végète, pousse, & donne du fruit. L’olivier, je le répète, ne craint que le froid. Malgré les deux expériences dont je viens de parler, on auroit tort de conclure que les époques de la fin de l’automne & de l’entrée du printemps ne sont pas à préférer pour la plantation de l’olivier ; il faut que les circonstances soient bien urgentes, & que les soins soient bien assidus pour qu’on doive s’en écarter. Pline, Columelle, &c. ont parlé de ces plantations faites pendant l’été, & la nécessité seule m’a mis dans le cas de vérifier des faits très-éloignés de la pratique ordinaire.

Parmi les auteurs modernes, plusieurs ont fort applaudi aux plantations du mois de novembre, & les autres, à celles du printemps.

Dans les plantations de la fin de l’automne, on a l’avantage des pluies d’hiver qui serrent la terre contre la souche. L’arbre conserve sa fraîcheur, & se dispose à entrer en séve de bonne heure, de manière que la poussée des bourgeons est plus assurée dans le cours de l’année, & que ces bourgeons sont moins herbacés à l’entrée de l’hiver ; ce point est essentiel. Mais les partisans des plantations tardives disent que cet arbre, que ce tronc, mis a nu, est plus sensible à la rigueur du froid, puisque l’amputation de toutes ses branches laisse à nu les grandes à son sommet.

Il faudroit prouver qu’un arbre dépouillé de ses branches transpire plus que lorsqu’il les avoit. Alors il craindra plus le froid.

Comme l’arbre se nourrit pour le moins autant par ses branches que par ses racines ; comme la transpiration est toujours en raison de la nourriture qu’il reçoit ; comme l’olivier végète toute l’année, il est clair que, chargé de ses