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pas de nuances entre une excellente olivette & une médiocre, entre l’étendue que telle espèce d’oliviers acquiert, comparée, si je puis m’exprimer ainsi, au rapetissement de telle autre. Il en est de même par rapport aux abris, & c’est la raison pour laquelle les oliviers, entre Toulon & Nice, sont si hauts, si volumineux, & qu’ils sont si rabaissés dans les environs d’Aix. C’est aux cultivateurs à réfléchir sur ces circonstances, & leur étude sera plus instructive pour eux que les règles qu’on leur donneroit. On peut dire cependant que dans un bon fond, & bien abrité, on doit planter à la distance de six à sept toises, & même plus, & que cette distance nuit peu à la culture du grain ; que dans un champ de moindre qualité, quatre à cinq toises suffisent, & quatre dans les plus médiocres, lorsque l’on veut avoir une récolte quelconque en grains. Si on plante en quinconce, si on consacre le champ entier aux oliviers, la distance varie, suivant le fond, de trois à quatre toises.

Plusieurs cultivateurs prennent pour règle dans leurs plantations, d’observer l’étendue que les branches prendront naturellement. Cette règle est bonne en elle-même si l’on connoît parfaitement la nature du sol sur lequel on plante, & la force que l’arbre y prendra. Cependant il est bon d’observer qu’entre les rameaux de chaque pied il doit régner un assez grand intervalle, afin que ces rameaux ne portent pas leur ombre les uns sur les autres, ne se touchent pas, & qu’il règne entre eux un libre courant d’air. Sans cette précaution l’arbre fleurira mal dans tous les points de contact des rameaux, & rarement ses fleurs y noueront.

Il est bon d’observer que l’arbre se trouve toujours mieux lorsqu’il est séparé de son voisin, & que c’est mal entendre ses intérêts que de regarder à quelques pieds de terrain qu’il aura fallu de plus. C’est dans les plantations en quinconce que l’on s’aperçoit le mieux du tort qui résulte du rapprochement des pieds. Leurs rameaux ressemblent à ceux d’une forêt, mais comme le fruit ne paroît qu’en dehors ou dans les endroits peu garnis de branches, ces quinconces donnent une récolte moins abondante qu’elle ne l’auroit été s’il eût régné un plus grand espace entre chaque pied. On ne risque donc jamais rien de planter large, mais on risque beaucoup de planter serré. Un bel arbre rapporte toujours plus qu’un arbre médiocre, & une olivette plantée convenablement, est moins susceptible des impressions du froid qu’une olivette dont les rameaux se touchent & forment une espèce de voûte qui retient & concentre l’humidité.

Lorsqu’on plante un arbre après l’avoir couronné, il ne ressemble plus qu’à un bâton, qu’à un piquet. Alors l’espace paroît immense d’un pied à un autre pied ; on regrette le terrain qui reste entre deux ; on croit devoir ajouter un ou deux arbres de plus à la rangée, & voilà ce qu’on appelle une plantation manquée, parce que l’on n’a pas considéré de quelle étendue devoit être par la suite la tête de l’arbre que l’on plante.

À quelle époque doit-on planter l’olivier ? Les sentimens sont partagés là-dessus. Il convient de les examiner. L’expérience m’a appris que l’on pouvoit planter des oliviers pendant toutes les saisons de l’année. Cette assertion paroît un paradoxe. Cependant tout dépend des soins & de la manière de transplanter. Ne voulant pas attendre