Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cultivateur s’opposera autant qu’il sera en son pouvoir.

Ce ne n’est pas par la souche, par l’origine des grosses racines qui en partent, que l’arbre reçoit le bénéfice des engrais, ou du moins il en reçoit très-peu ; ce sont les racines capillaires qui sont les vraies pourvoyeuses de la séve : or, la souche n’a presque point de racines capillaires. Il faut donc laisser au moins trois pieds de distance près du tronc, sans y répandre du fumier, & le jeter dans la circonférence au-delà de ce point.

2o. Le fumier accumulé est en trop grande masse comparée à celle de la terre. L’air, la chaleur, les pluies ont bientôt dissipé les principes les plus volatils, & il ne reste plus qu’un caput mortuum, un simple résidu. Le fumier, au contraire, répandu dans la circonférence, est profondément enfoui, par l’action de fossoyer, & les pluies font pénétrer plus avant leurs principes, qui doivent se combiner avec ceux déjà contenus dans le sein de la terre. (Consultez les deux mots désignés ci-dessus, & le mot Amendement) Par cette méthode rien n’est perdu.

3o. La butte force les eaux pluviales à s’écarter du centre, elle leur donne une pente rapide, & les porte au loin. Il vaut bien mieux fossoyer, de manière qu’il y ait tout autour du tronc une espèce de bassin qui retienne l’eau & la pousse de la circonférence au centre ; alors, pas une seule goutte n’est perdue, & l’olive ne tombe plus desséchée des arbres pendant les chaleurs continuelles de l’été. Si ce travail étoit fait avant l’hiver, la grande humidité concentrée au pied de l’arbre seroit capable de lui nuire si le froid étoit rigoureux.

Malgré ce que je viens de dire contre les buttes en général, celles en terre ont un avantage, puisqu’elles empêchent la trop vive action du froid sur le collet des racines. La terre doit en être prise à la plus grande distance qu’on le peut, du pied de l’arbre, afin de ne pas découvrir les racines traçantes, &, ce qui vaudroit mieux, il faudroit rapporter des terres nouvelles, ou des plâtras, ou des débris de mortier ; mais dès qu’on ne craint plus les gelées, les matériaux de la butte doivent être jetés & répandus à quelque distance de l’arbre, régalés sur le sol, afin d’y être dans la suite enfouis par les labours. Dans quelques cantons, ainsi qu’il a déjà été dit, on se contente de travailler deux fois dans l’année, les pieds d’oliviers, lorsque le champ est entièrement consacré à cet arbre. Ce labour fait à la main, & encore moins celui fait à la charrue, ne sont pas suffisans : les arbres plantés trop près se dévorent par les racines, & ont besoin de plus de secours ; trois & même quatre labours ne sont pas de trop : au surplus leur nombre dépend beaucoup de la nature du sol.

Les champs à grains & plantés en oliviers, reçoivent cinq labours de charrue, l’année de la taille & du semis ; ils sont fumés, avant, pendant ou après l’hiver, & le fumier est enterré par le travail à la pioche que l’on donne autour de chaque pied d’arbre. Il est impossible, tant que la récolte des grains est sur pied, que l’on puisse donner aucun labour à l’arbre. Après la récolte, les troupeaux s’emparent du champ, & dans presque toutes les métairies,