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travail soit fait à la charrue : les gerçures y sont donc plus à craindre que dans les autres champs ; on se contente de travailler les premiers à la main, au plus à deux époques de l’année ; au lieu que la charrue passe au moins quatre fois avant la semaille dans les olivettes où l’on met des grains : d’ailleurs on la conduit très-difficilement dans les champs plantés en quinconce, & lorsque les arbres sont près les uns des autres ; c’est gratter la terre & ne pas labourer.

Les terres légères, sablonneuses, &c. sont en général exemptes de pareilles crevasses ; cependant la prudence dicte de visiter de temps à autre ses plantations, & de parer aux inconvéniens, dès qu’ils le présentent.

Comme dans les labours, la charrue ne peut pas travailler jusqu’au pied des oliviers, il faut y suppléer par les travaux à la pioche, & au moins avant de semer, donner un bon défoncement à quelques pieds de distance autour de l’arbre.

Section II.

Des travaux au pied de l’arbre.

Je n’examine pas encore si les arbres doivent être taillés tous les deux ans, cependant c’est la coutume presque générale, & je pars de ce point.

Avant de labourer pendant l’année de jachères, c’est-à-dire, avant, ou pendant, ou après l’hiver, on fume le pied de chaque olivier, & ensuite ce fumier est enterré à la pioche. Cette opération bien simple en elle-même, est presque par-tout mal faite. Commençons par l’examen de la nature du fumier.

L’expérience prouve que le fumier pailleux, mal pourri, &c., n’a presqu’aucune qualité, (consultez les mots Engrais, Fumier) il est donc essentiel qu’il ait fermenté en masse, que cette masse ait été tenue assez humide pour que le blanc ne la gagne pas ; enfin, qu’il ait éprouvé la fermentation putride qui doit avoir dénaturé ses premiers principes, pour en composer des mixtes & résidus analogues. Il faut au moins l’espace d’un an pour opérer ce changement & cette conversion ; le fumier le plus décomposé, sans avoir éprouvé aucune évaporation, est le meilleur ; une mesure quelconque de ce fumier réduit en terreau, produit plus d’effets que six semblables mesures de fumier encore pailleux.

Communément on place cet engrais tout près de la souche & tout autour de l’arbre ; on l’étend un peu, on pioche, & la terre est amoncelée contre l’arbre. Il en résulte plusieurs inconvéniens : 1°. cette butte élevée autour de l’arbre qui tend sans cesse à former des racines & des branches, qui a sur toute sa longueur des germes de bourgeons prêts à se développer, excite les racines à sortir de la partie couverte, ou bien elle augmente les protubérances tout autour du collet des racines, & peu à peu la souche s’alonge, monte & sort de terre. Quant à l’arbre anciennement planté, il n’y a d’autre remède que de l’arracher & de mettre plus profondément son pied en terre : cependant cet expédient est fort coûteux, & on perd encore le produit de plusieurs récoltes consécutives, & on court les événemens de la difficulté de la reprise. Mais c’est une absurdité de chausser sans cesse l’arbre jeune ; on a beau faire, à la longue il mettra sa souche en dehors ; c’est à quoi le bon