Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/258

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élevés un peu moins qu’à Toulon, & taillés en table, c’est-à-dire, que leur circonférence est arrondie, & leur partie supérieure tenue horizontalement. À Béziers la tête des oliviers n’a point de forme déterminée ; l’on voit de longues mères-branches dirigées horizontalement, & pousser, sans ordre, leurs bourgeons. À Perpignan on supprime chaque année une mère-branche, au point ou elle s’unit au tronc ; dans d’autres endroits on évide l’arbre comme un poirier taillé en buisson ; enfin, chaque pays, chaque canton, & pour ainsi dire, chaque village, suit une méthode particulière, & l’époque de tailler les oliviers, varie également. Il faudroit être bien habile pour oser décider à vue d’oiseau, quelle est la meilleure, & quelle est la plus défectueuse de ces méthodes ; je laisse à des cultivateurs plus savans & plus tranchans que moi, le droit de prononcer là-dessus. Cependant il ne peut y avoir qu’une bonne méthode, quoique chacun regarde celle de son canton comme la plus sage, & comme celle que l’on doit préférer à toutes les autres. Cette bonne méthode que j’appellerai naturelle, parce qu’elle produit de plus abondantes récoltes, & ménage beaucoup mieux l’arbre, quelle qu’elle soit, ne doit-elle pas être soumise à de grandes modifications. L’espèce d’olivier qui se charge de beaucoup de bourgeons dans l’intérieur ; la mourette, par exemple, N°. 8, dont la végétation est toujours plus forte dans certains climats que dans d’autres, ne demande-t-elle pas une taille différente de celle de l’olivière N°. 2 ? Dans les régions un peu froides, le pied ou tronc de l’arbre, & ses rameaux doivent-ils être tenus aussi élevés que dans les lieux bien abrités ? Les oliviers plantés sur les coteaux & dans un terrain maigre, demandent-ils à être conduits comme ceux des bas-fonds, où il règne plus d’humidité ? Que de modifications & de différences dans la manière d’être des oliviers il seroit facile de citer ! Cependant, en suivant les olivettes d’un canton, où souvent les espèces sont multipliées, on voit que les oliviers en sont tous traités & taillés de la même manière, soit sur les hauteurs, soit dans les vallons. La coutume devient la loi : je sais que des particuliers se conduisent d’après des principes raisonnés ; mais le nombre en est petit, & quoiqu’ils fassent exception, ce que je viens de dire n’en est pas moins très-vrai dans sa généralité.

J’avoue avec franchise, que de tous les articles que j’ai traités dans le cours de cet ouvrage, aucun ne m’a paru & ne me paroît plus difficile que celui-ci, à cause de la prodigieuse quantité de modifications qu’il présente.

Section Première.

D’après quels principes doit-on tailler l’olivier ?

L’énoncé de cette question suppose la taille indispensable. Elle l’est à certains égards, mais non pas d’une rigueur aussi absolue qu’on le suppose. Je reviendrai toujours à l’exemple de la Corse, de quelques cantons d’Italie, & peut-être d’un très-grand nombre dans la Morée & dans le Levant, où l’on ne taille pas les oliviers. Si ces arbres sont plantés dans un sol mauvais & de médiocre qualité, ils