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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/263

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pour soutenir la vieillesse, & rétablir l’état languissant de nos oliviers, de les émonder chaque année à la fin de l’automne, ou pour le plus tard au commencement de l’hiver, avec tout le ménagement possible. Il ne faudroit couper que le bois mort, vieux ou malade, & quelques petites branches qui se croisent entr’elles. »

» En émondant ainsi l’olivier toute l’année, la séve qui, sans cela, seroit dispersée en plus d’endroits, devient alors suffisante pour bien nourrir l’arbre déchargé d’un bois nuisible. Étant plus vigoureux, il résistera davantage aux rigueurs de l’hiver, il portera beaucoup plus de fruits chaque année, & formera dans le printemps beaucoup plus de nouvelles pousses pour l’année suivante. On aura par ce moyen, chaque année, une récolte au-dessus du médiocre, & l’arbre sera toujours en bon état. C’est là principalement ce que le cultivateur doit rechercher, & ce que l’expérience du passé lui assure pour l’avenir. »

» Il résulte encore de cette méthode un avantage considérable ; c’est que les olives d’un arbre ainsi émondé, donnent beaucoup plus d’huile que celles d’un olivier surchargé de branches & de fruits mal nourris : d’ailleurs, en enlevant avant l’hiver tout le bois mort, vieux ou malade, on ôte & l’on détruit tous les insectes qu’il renferme ; au lieu qu’en émondant l’olivier dans le printemps, dès que le bois est coupé, ils en sortent & se renferment dans la terre jusqu’à ce qu’ils aient la liberté de remonter sur l’arbre. »

D’après le texte de cet auteur respectable, on ne peut pas affirmer qu’il tranche la question, savoir si les arbres jeunes ou bien portans doivent être également taillés chaque année, ainsi que les vieux & les souffrans. On oseroit presque avancer que M. Labrousse conseille cette méthode, & qu’il ne l’a pas suivie ; car sa manière de s’exprimer seroit plus décisive, & il l’appuyeroit de sa propre expérience ; il diroit, venez & voyez mes olivettes ; leur bon état prouve plus que mes raisonnemens.

M. l’abbé Couture, curé de Miramas, dans un Mémoire sur la culture de l’olivier, qui décèle le praticien & l’observateur, auquel l’académie de Marseille a accordé le second accessit en 1781, s’exprime ainsi en parlant de la méthode ci-dessus indiquée.

« Inutilement on a blâmé cet usage, (la taille bienne) inutilement on nous a assuré qu’en émondant l’olivier chaque année, chaque année il porteroit bien plus de fruit, qu’il formeroit beaucoup plus de nouvelles pousses pour l’année suivante ; inutilement on promet que par ce moyen on aura chaque année une récolte au-dessus de la médiocre, & que l’arbre sera toujours en bon état ; inutilement on observe que c’est là ce que le cultivateur doit principalement rechercher, & ce que l’expérience du passé assure pour l’avenir. Malgré tant de promesses flatteuses, le plus grand nombre des cultivateurs a suivi la méthode bienne. Quelques propriétaires s’en sont-ils écartés ? Ont-ils émondé leurs oliviers toutes les années ? Le manque de récolte les a forcés de reprendre leur ancienne méthode. »

» Je voulois suivre la taille annuelle, & je conseillai à un paysan d’adopter cette méthode. Voici sa réponse : choisissez, me dit-il, voulez-vous des œufs ? Laissez pondre