Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/265

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duite, & si elle est entreprise & maintenue telle par un homme intelligent, il est defait que le fruit ne paroît qu’à la seconde année sur le rameau poussé pendant la précédente. Ainsi, que la taille ait été bien ou mal faite dans la première année, il est clair qu’il y aura, proportion gardée, plus de boutons à fruit dans la seconde. Pendant la première on supprime beaucoup de vieilles branches, & la forte végétation de l’arbre le force à donner beaucoup de rameaux : d’ailleurs, la taille, l’abondance de séve, &c. métamorphosent beaucoup de boutons à fruit en boutons à bois, & ces derniers donnent du fruit & beaucoup plus de fruits à la récolte suivante que s’ils étoient restés boutons à fruit à la première. Chaque bourgeon de l’olivier se bifurque en deux rameaux, & chaque rameau en deux autres, &c. ; il y a donc un plus grand nombre de rameaux à fruit. Ce que je dis ici n’implique pas contradiction avec ce que j’ai avancé plus haut, lorsqu’il a été question de la fleuraison pendant l’année de la taille. Il faut une infinité de circonstances heureuses pour que les oliviers fleurissent pleinement, & que leurs fleurs nouent. Quelles sont les circonstances, & de laquelle en particulier dépend donc la grande apparition des fleurs & leur aoûtement ? Je crois que des jours sereins & chauds y contribuent, ainsi que l’absence des vents violens, ou par raffalles, mais cela ne suffit pas. J’ai souvent & très-exactement observé, malgré ces circonstances heureuses, que sur telle branche les boutons à fruit ne se convertissoient pas en boutons à bois ; que sur telle autre, la fleuraison étoit parfaite & le fruit manquoit ; enfin, que sur le même arbre chaque fleur produisoit son fruit. Si on assigne pour cause différentielle la santé de la branche, je répondrai que celles dont l’égalité me paroissoit la plus parfaite, étoient les seules soumises à mes recherches. Si l’on veut être de bonne foi, on conviendra qu’il est très-difficile de prendre la nature sur le fait, & de déterminer le vrai caractère d’après lequel elle agit.

Il résulte cependant de mes observations, que toutes circonstances égales, & proportions gardées, il y a beaucoup moins de fleurs épanouies pendant l’année de la taille que pendant la suivante. Il est encore très-rare de voir, pendant deux années consécutives, des récoltes pleines & entières. L’olivier semble épuisé, dit-on, par les efforts qu’il vient de faire, & demande à se reposer. Ce repos supposé est peut-être ici purement métaphorique, & il peut fort bien ne tenir qu’à la manière d’être des saisons.

L’avantage de la taille bienne est incontestable, mais il en résulte un manque de récolte qu’il seroit important d’éviter. Les partisans de cette taille conseillent de diviser les olivettes en deux parties, afin que chaque année une de ces parties travaille à produire du bois nouveau & l’autre à donner du fruit ; c’est donc une perte de moitié presque franche. Si la partie en rapport éprouve un échec, soit par les brouillards pendant la fleuraison, ou par les pluies abondantes ou froides à cette époque, soit enfin par la sécheresse ou par les vents impétueux pendant l’été, on perd donc deux récoltes consécutives. Telle est la grande objection faite par les partisans de la taille annuelle.

Si en fait d’agriculture, la coutume presque généralement adoptée, devoit