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blable à celle de la première taille. En suivant cette méthode générale, on est assuré d’avoir toujours du bois nouveau, par conséquent beaucoup de rameaux, & beaucoup de fruit : mais peut-on toujours la mettre en pratique ? J’ai déjà dit que chaque arbre demandait une taille particulière, que le bon sens & la pratique devoient conduire la main de l’émondeur ; & j’ajoute que l’homme qui croit le mieux posséder la théorie de la taille des arbres, seroit embarrassé si on lui donnoit un olivier à conduire. Pendant les deux premières années que j’ai habité les environs de Beziers, j’ai suivi exactement les émondeurs, j’étudiais les oliviers & je me disois, il convient de supprimer cette branche, de conserver celle-ci ; l’expérience m’a prouvé que je ne savois ce que je disois. Il faut du temps pour voir & pour bien voir ; il ne faut qu’un moment pour écrire, donner des préceptes, faire l’homme habile & tranchant ; mais qu’il y a loin du travail du cabinet à la pratique & au manuel de la taille de l’arbre. Des loix générales passons aux observations particulières.

Tout olivier planté ou transplanté pousse de différens endroits une quantité considérable de bourgeons très-rapprochés les uns des autres : on ne doit pas y toucher pendant la première année, parce que les racines s’établissent en raison de ces bourgeons. Cependant, si on en voit sur le tronc de l’arbre, & en même temps beaucoup à son sommet, il convient de supprimer les inférieurs qui absorbent inutilement la séve. Toutes les opérations de la nature sont marquées du sceau de la sagesse de celui qui la gouverne ; ces bourgeons placés près à près, & pour ainsi dire par paquets, se soutiennent mutuellement, & si leur longueur n’étoit nullement proportionnée à leur grosseur ils deviendroient le jouet des vents : on peut commencer, dans le cours de la seconde année, la soustraction de quelques-uns, c’est-à-dire de ceux qui seront étouffés par les autres. La troisième est l’époque où l’on ne doit laisser sur l’arbre que les bourgeons destinés à former sa tête. Cette loi est cependant soumise à la force de la végétation de l’arbre, & quelquefois il est avantageux d’attendre à la quatrième année.

L’olivier est, je crois, celui de tous les arbres qui devient le plus branchu : cette considération doit donc entrer pour beaucoup dans la taille générale & particulière. Chaque branche secondaire demande à être séparée de toute autre, de manière qu’aucune ne la couvre & qu’elle n’en couvre aucune. Sans cette précaution, la confusion sera établie aussitôt après la pousse des rameaux. Cet arbre ne donne du fruit que sur les rameaux qui jouissent librement de l’air & du soleil ; motif de plus pour éviter la confusion.

La mal-adresse des ouvriers fait souvent éclater des branches dans l’endroit où ils veulent les supprimer. La grosse branche à moitié coupée est tirée avec force vers le bas, & il s’ensuit une déchirure dans l’écorce du tronc ou d’une autre branche. Le seul moyen de réparer le mal est d’unir la plaie & de la recouvrir avec l’onguent de saint Fiacre.

Souvent une grande partie de l’intérieur du tronc de l’arbre, & quelquefois tout le tronc jusqu’à l’intérieur de ses racines, est pourri, carié. La carie a été produite dans son principe ou par des chicots ou par des plaies qui