Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/270

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n’ont jamais pu être cicatrisées, de manière qu’il ne lui reste plus que l’écorce avec une partie du bois ; & souvent même de grandes étendues de l’écorce ont subi le même sort que le bois. Les pluies, les gelées, les coups de vents, &c., sont dit-on, la cause de cette pourriture ; il n’en est rien, elle dépend toujours de la main de l’émondeur. Dès qu’on s’apperçoit d’une carie commençante, il faut aussitôt tailler jusqu’au vif, emporter tout le bois carié, & suivre le mal dans toute sa longueur, dans toutes ses ramifications, &c. Plus on retardera, & plus les progrès de la carie seront rapides. Si la cavité est petite, on la remplira avec de l’argile bien corroyée, avec la fiente de bœuf ou de vache, & que l’on serrera à coups redoublés, afin qu’il ne reste plus de vide entr’elles & le bois vif. En se séchant, elle se gercera ; mais de temps à autre on la rebattra de nouveau, de manière que les eaux pluviales aient un écoulement rapide & ne soient jamais stagnantes sur cet emplâtre. Si au contraire la carie est considérable, si elle perce à jour de part en part sous une portion d’écorce desséchée, il faut impitoyablement abattre, couper, retrancher, soit le bois, soit l’écorce, & réduire tout au vif & au très-vif. Dans ces circonstances on prend de la paille longue n’importe quelle espèce, on la couvre soit en dehors soit en dedans d’onguent de saint Fiacre, & on l’applique sur la partie du bon bois restée à nu, & les rebords de l’écorce en sont également recouverts. De petits liens, & en assez grand nombre, placés de distance en distance, maintiennent le tout. Cette opération ne doit avoir lieu qu’après l’hiver ; & avec une semblable précaution il m’est souvent arrivé de voir l’écorce contourner le bois dans la partie intérieure, & le recouvrir entièrement dans le cours d’une année. Si la carie a gagné l’intérieur de quelques grosses racines, la même opération doit avoir lieu & aussi profondément qu’on le peut. Si on a été assez heureux pour la supprimer entièrement, elle ne fera plus de progrès. Dans ce cas l’onguent de saint Fiacre, dans la consistance d’une bouillie, est vidé dans le creux de la racine ; & à mesure que son humidité s’évapore, que la bouillie prend de la retraite, on en ajoute de nouvelle que l’on comprime avec force. Je réponds qu’en suivant ce procédé, ces troncs d’arbres caverneux & percés à jour, donneront par la suite d’aussi belles récoltes que les autres, puisque la cause permanente de leur foiblesse est détruite. Que l’on prenne la peine de répéter cette expérience, & on jugera alors de ses résultats.

L’olivier a ses bois gourmands comme nos autres arbres fruitiers. Ils deviennent ou très-avantageux, ou très-nuisibles ; avantageux, si on a besoin de garnir une place vide ; nuisibles dans tout autre cas, parce qu’ils affament les branches voisines. On les nomme suceurs, teteurs, buveurs d’huile. S’ils sont absolument surnuméraires, c’est le cas de les abattre, s’il sont trop exhaussés à l’époque de la taille, on doit les rabaisser, & ils deviendront branches à fruit. Ces gourmands ne s’élancent pas seulement des mères-branches, ils percent souvent l’écorce du tronc, ou bien ils partent des racines. Si l’arbre est caverneux, carié, le gourmand servira un jour à le renouveler ; mais si le gourmand n’a point de des-