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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/286

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les oliviers sont en pleine fleur ; il emporte le coton produit par les psylles, & contribue ainsi à la conservation des fruits.

De la chenille mineuse.

» Cette chenille naît d’un œuf déposé sur le revers des feuilles de l’olivier. Elle a douze anneaux ; sa tête est écailleuse & armée de deux crochets ; le masque est d’abord noir, mais il jaunit ensuite. On voit sur le premier anneau deux taches noires & disposées symétriquement. Celles qui se trouvent sur les autres anneaux sont en même nombre, disposées de la même manière, mais beaucoup plus petites. Aux trois premiers anneaux, il y a de chaque côté trois pattes écailleuses & noires. Les deux anneaux suivans sont sans pattes ; les quatre qui leur succèdent ont chacun une patte membraneuse de chaque côté ; il y a enfin trois anneaux sans pattes : le dernier a ordinairement deux taches noires assez grandes.

» Le corps de la chenille présente des poils sur toute sa longueur. Ils sont pourtant assez rares, & il faut la loupe pour les bien distinguer. Cette chenille est d’abord d’un verd foncé, mais elle prend insensiblement une couleur plus tendre & fort approchante de celle du dessous des feuilles d’olivier ; elle est quelquefois assez jaune.

» Cette chenille en naissant pendant l’hiver, cherche sa nourriture dans l’intérieur même de la feuille de l’olivier : elle l’attaque par dessous qui est le côté le plus tendre ; elle y fait un trou rond, & elle dévore ensuite le parenchyme intérieur ; elle est en peu de temps à l’abri des injures de l’air, des attaques des oiseaux & des insectes, qui s’en nourrissent. On ne soupçonne pas son existence : la feuille paroît comme tachée dans l’espace que la chenille occupe. On attribue cet effet aux brouillards ; mais le naturaliste attentif découvre sa retraite. Il observe aux environs du trou qui y conduit, des excrémens suspendus à des fils de soie ; il augmente avec précaution l’ouverture, & il met l’insecte à découvert.

» La chenille reste ainsi cachée tant qu’elle est foible ; mais à mesure qu’elle grossit & qu’elle peut s’accommoder d’une nourriture plus solide, elle dévore à la fois le parenchyme intérieur & la pellicule inférieure de la feuille ; alors elle est entièrement apparente : c’est ainsi qu’elle vit pendant l’hiver. Elle s’établit de préférence sur les branches les mieux exposées ; elle subit sa métamorphose dans cette saison y & elle se reproduit facilement.

» Lorsqu’elle naît de manière qu’elle ait encore toute sa vigueur au printemps, elle est alors extrêmement nuisible. Elle n’attaque plus les feuilles anciennes ; elle fait communément une ouverture aux bourgeons naissans qui terminent les branches, & à ceux qui, destinés à donner des fleurs, se trouvent à l’aisselle des feuilles ; elle se nourrit alors de la matière moelleuse que ces pousses tendres renferment. L’écorce lui sert d’étui & elle pénètre jusqu’à leur insertion sur le vieux bois.

» D’autres fois elle se contente de dévorer en partie, & extérieurement, ces nouvelles productions, & à mesure qu’elles se développent, elles montrent les mutilations qu’elles ont éprouvées. J’ai vu pendant plusieurs années aux environs de Toulon, que les