Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/287

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feuilles d’olivier étoient presque toutes découpées. Personne ne soupçonnoit que ce fût là l’ouvrage d’un insecte.

» Cette chenille parvenue à sa maturité se fixe ordinairement sous une feuille. Lorsqu’elle s’y est nourrie, elle ne s’écarte pas ordinairement de l’endroit qu’elle a dévoré. Dans cette partie la feuille se roule, & lui forme un abri sûr. Très-souvent aussi elle rapproche & fixe, au moyen des fils de soie qu’elle file, plusieurs feuilles d’oliviers, & y établit sa retraite. Elle fait toujours à la campagne un cocon dans lequel elle est entièrement enveloppée, indépendamment des fils de soie qui la soutiennent. Dans l’état de chrysalide, elle a une forme conique. La tête répond à la base ; sa couleur est alors d’un brun foncé.

» La longueur de cette chenille excède rarement cinq lignes ; & il s’en trouve un très-grand nombre qui, lorsqu’elles sont parvenues à leur dernier degré d’accroissement, ont moins de quatre lignes.

» La longueur de l’insecte parfait, qui est une espèce de teigne, est d’environ deux lignes & demie. Ses ailes sont au nombre de quatre. Il ressemble beaucoup par la couleur & par la forme aux teignes domestiques. Ses ailes sont grisâtres avec de petites taches d’un rouge brun. Ses antennes sont filiformes, & elles ont un peu plus d’une ligne de longueur : on compte sur son ventre six anneaux. Sa tête est armée d’une trompe recourbée ; il a six articles aux tarses : ses pieds sont couverts d’écailles, & ils sont ornés de petits organes qui servent à cet insecte pour sauter. La première paire des pattes n’a point de ces petits organes, il s’en trouve deux sur chacune des pattes de la seconde paire, & ils sont immédiatement au-dessus de la dernière articulation. Il y en a enfin quatre sur chacune des pattes de la troisième paire, & ils sont disposés au-dessus & au-dessous de la dernière articulation.

» La destruction des pousses nouvelles, occasionnée par la chenille au commencement du printemps, n’est pas le seul dommage qu’elle porte à l’olivier. On sait que la piqûre de plusieurs insectes produit sur différens arbres une extravasions de séve qui donne naissance à des corps que l’arbre ne porteroit pas naturellement. Les galles sont les productions les plus curieuses de ce genre.

» J’ai déjà dit que la chenille s’insinuait dans le centre des bourgeons naissans, & les dévoroit jusqu’à l’endroit où ils étoient articulés sur le vieux bois. Cette piqûre se cicatrise rapidement sur plusieurs espèces d’oliviers, mais il en est d’autres sur lesquels il se forme à la racine du bourgeon dévoré, une excroissance d’abord tendre & recouverte comme toutes les autres parties ligneuses de l’écorce naturelle de l’arbre. Dans les années où les chenilles sont abondantes, il y a une[1] excroissance à l’aisselle de la plupart des feuilles. Ces monstruosités grossissent inégalement selon les espèces d’oliviers, & elles se dessèchent par degrés ; mais lorsqu’elles embrassent tout le rameau, la séve est ordinairement interceptée, & tout ce qui est au dessus périt.

» Il arrive aussi souvent que ces galles ne s’étendent pas assez, même

  1. Note de l’Auteur. Ces excroissances diffèrent beaucoup des véritables galles par leur organisation ; d’ailleurs elles ne renferment aucun insecte.